Humiliation sur les réseaux sociaux (1)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
21 janvier 2016

« Elles sont lycéennes, ont seize et dix-sept ans, et se destinent à être aides-soignantes. Un beau métier, de dévouement et d’attention à l’autre. Loin, très loin de ce qui vaut aujourd’hui à ces trois lycéennes de Seine-et-Marne une attention médiatique bien peu glorieuse », écrit explique Pierre Bienvault, de La Croix. « Des tapes et des mises en scène “indignes” » : dès le premier jour de leur stage, elles entreprennent d’humilier des personnes âgées et désorientées avec des troubles cognitifs, filment leurs forfaits et les postent sur Snapchat. Très prisée des adolescents, cette plateforme permet de partager des photos et vidéos, qui disparaissent après quelques secondes ». « Pas moins de trente-trois films seront diffusés et visionnés trois cent quarante fois en début de semaine, ont expliqué à l’Agence France Presse les gendarmes qui ont interpellé les jeunes filles, dénoncées par des camarades “émus” par la violence des images. Les trois stagiaires ont été mises en examen pour violences en réunion avec préméditation, diffusion sur Internet de scènes de violence et atteinte à la vie privée, et placées sous contrôle judiciaire, a indiqué le parquet de Meaux. » Laurence Rossignol, secrétaire d’État aux Personnes âgées, s’est rendue sur place pour rencontrer les familles des victimes et les personnels. Elle a évoqué des « actes graves », « d’humiliation, de violence verbale » mais pas de « maltraitance physique », refusant de donner plus de détails sur la teneur des vidéos. Questionnée sur le fait que les trois jeunes filles se soient retrouvées seules avec les résidents, Laurence Rossignol a assuré que l’établissement « avait l’habitude d’accueillir des stagiaires » et que ces dernières étaient suivies par une « tutrice », mais qu’il y avait des « interstices ». La direction de l’établissement n’a pas souhaité faire de commentaire, soulignant qu’elle « se concentrait sur le bien-être des résidents, notamment des trois victimes des agissements déviants de ces stagiaires ». « Cela me paraît aberrant que des mineures en stage puissent être laissées sans surveillance », a réagi un aidant familial dont la mère, âgée de quatre-vingt-dix ans et atteinte de la maladie d’Alzheimer, est accueillie depuis septembre dans l’ « unité sécurisée » de l’établissement. Un autre se déclare « inquiet » et « choqué par ces actes inadmissibles ». Une autre histoire du même type s’est produite à Fussy, dans le Cher. Une élève d’un lycée professionnel de Bourges a été exclue de son établissement après avoir diffusé sur Snapchat une vidéo où apparaissaient une auxiliaire de vie et deux personnes atteintes de troubles cognitifs, accompagnée d’un smiley (image stylisée) signifiant « pleure de rire ».

AFP, La Croix, 25 janvier 2015. Sud-Ouest, 24 janvier 2015. Le Républicain lorrain, 29 janvier 2016. www.agevillage.com, 26 janvier 2016.