Groupe de parole pour personnes malades en accueil de jour (1)

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
01 mars 2014

Dominique Fouassier, gériatre et médecin coordonnateur et ses collègues, de l’accueil de jour Augustin Azémia du centre communal d’action sociale d’Évreux (Eure), ont mis en place un groupe de parole pour des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ces initiatives sont très rares. Les objectifs sont multiples. Pour les personnes soutenues, il s’agit de se sentir reconnu dans sa maladie en échangeant de façon dynamique avec d’autres personnes malades. Pour les soignants, les points d’ancrage sont de « garder une certaine confiance dans la parole des patients en leur permettant de s’exprimer par eux-mêmes, sans jugement ; évoquer leurs symptômes par l’échange et par la confrontation à des expériences et ressentis similaires ; offrir un espace autre à l’accueil de jour et une façon différente d’entrer en relation avec les patients ; prendre en considération leur douleur psychologique et physique. » Pour Dominique Fouassier et ses collègues, « la mise en place d’un groupe de parole vient lutter contre la dévalorisation narcissique qui est souvent conséquente de la maladie d’Alzheimer : “Je me sens nul”, “Je suis incapable” ». Ces propos très négatifs expriment une forme de perception d’un changement intérieur. « Mettre des mots sur les maux, sur les difficultés rencontrées au quotidien, et surtout pour les partager avec d’autres sont des éléments très structurants. La personne réalise avec le groupe qu’elle a des moyens de communiquer sur ce qui la touche (…). La personne échange, elle parle de ses préoccupations et elle peut aussi en retour recevoir puis donner son point de vue sur les actions des autres participants. La dynamique d’échange fondée sur le choix des thèmes abordés et sur ce système de feed-back [retour] positif est très valorisante pour les personnes », écrivent les auteurs. « Ce dispositif permet de réintroduire la personne comme sujet, c’est un moyen de la rencontrer dans sa dimension psychologique. Il ne s’agit pas de nier le processus dégénératif à l’œuvre sur le plan neurologique, mais cette dimension vient parfois masquer le reste de la personne. Ses émotions, ses désirs et ses besoins ne sont plus entendus. Ce type de groupe permet une approche différente » : « les patients prennent de l’assurance au fil des séances, leur parole s’affirme, ils osent. En outre, le changement de regard vient modifier l’approche au quotidien de l’équipe soignante, au sein même de l’accueil de jour. » 

Fouassier D et al. Groupe de parole pour patients Alzheimer en accueil de jour. Soins gérontologie 2014 ; 106 : 18-22.