Gestes préservés : une échelle de psychomotricité

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Date de rédaction :
08 juin 2020

De nombreuses interventions non médicamenteuses proposent d’utiliser les capacités préservées des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer pour prévenir l’apparition des troubles du comportement, rappellent Elodie Martin, de l’Institut de formation en psychomotricité de l’Université Paul-Sabatier de Toulouse. Les échelles usuelles mesurant les capacités des patients pour la réalisation des activités de la vie quotidienne (instrumentales ou non) ne permettent pas de cibler quel est le type de difficulté entravant l’activité ou quelle partie de l’activité est réalisée. En observant neuf personnes aux stades modérément sévères à sévères de la maladie d’Alzheimer (score MMSE-mini-mental state examination <15/30) et neuf personnes du même âge sans troubles cognitifs, les psychomotriciens ont conçu un outil permettant de décrire dix sous-routines simples préservées chez des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à des stades sévères : se savonner le corps, se sécher le corps après la toilette, se brosser les dents, se coiffer avec une brosse ou un peigne, tirer le drap pour faire son lit, passer le balai, nettoyer une table avec une éponge, frotter la vaisselle, essuyer la vaisselle, plier des serviettes en tissu. La cotation pour chacune des sous-routines est qualitative : il s’agit de coter l’aide apportée par une tierce personne pour que l’activité soit réussie lors de : 1/ l’initiation de l’action (4 points : une consigne verbale permet-elle à la personne d’effectuer son geste ? La vue de l’objet est-elle nécessaire ? La saisie de l’objet est-elle requise pour initier l’action ? L’imitation est-elle requise pour initier l’action ?) ; 2/ le déroulement de l’action (4 points : L’ensemble des séquences est-il présent ? Le geste et l’action sont-ils en adéquation ? Existe-t-il une continuité de l’action ou des interruptions ? L’action est-elle menée jusqu’à son terme ?) ; 3/ L’arrêt de l’action (sur 2 points : l’arrêt est-il spontané en fin de tâche ? Se fait-il sur consigne verbale ? Est-il nécessaire de retirer l’objet pour faire cesser l’action ?). Chaque sous-routine est ainsi cotée sur 10 points, et un score total de 100 points est obtenu. Cette étude pilote, qui doit être reproduite sur de plus grands effectifs, permet de déterminer de façon objective les compétences préservées, les difficultés rencontrées, et donc l’aide nécessaire à la réalisation d’une action.

Martin E et al. Utilisation des gestes préservés aux stades sévères de la maladie d’Alzheimer. Rev Gériatrie 2018 ; 43(2) : 81-89. Février 2018. www.revuedegeriatrie.fr.