Géragogie

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
21 décembre 2013

Dans la version moderne de la vieillesse, écrit Christian Heslon, « les vieillards, n’incarnant plus la mémoire du groupe, en viennent à perdre la mémoire : à quoi bon, en effet, se souvenir quand on n’a plus personne à raconter ses souvenirs ? Car nous vivons actuellement une seconde externalisation de la mémoire, après celle, première, de l’imprimerie et de la démocratisation de l’accès à la lecture. » Pour le sociologue, « la seconde externalisation actuelle, celle d’Internet qui pallie désormais nos mémoires lacunaires, va bien plus loin : elle tend, en effet, à rendre inutile la transmission orale, et contestable la transmission écrite. Les futurologues infèrent de cette deuxième externalisation de la mémoire diverses mutations du cerveau dans les millénaires à venir. Les neurosciences voient dans la pandémie des démences de type Alzheimer l’une des premières manifestations de ces mutations futures. Certes, les technologies d’aujourd’hui n’expliquent pas la totalité des dégénérescences neurologiques du grand âge, qui furent découvertes voici plus d’un siècle par Aloïs Alzheimer. Il n’est cependant pas inconcevable que l’amoindrissement de la mémoire humaine au profit de son archivage dans des outils technologiques n’amplifie les déficits mnésiques des sujets âgés. C’est par exemple ce que postule la toute récente “géragogie” [une « pédagogie » de l’apprentissage au cours du vieillissement], venue d’Allemagne, qui propose aux sujets âgés différentes formes de remédiation cognitive censées prévenir ces effets pathogens.

Heslon C. Les visages de la vieillesse contemporaine. Soins gérontologie 2014 ; 105 : 22-24. Janvier-février 2014. Bubolz-Lutz E et al. Geragogik. Bildung und Lernen im Prozess des Alterns. Das Lehrbuch. Stuttgart : Kohlhammer. 2010. ISBN 978-3-17-021164-3. www.beck-shop.de/fachbuch/leseprobe/9783170211643_Excerpt_001.pdf (extraits, texte en allemand).