Fin de vie : désaccord entre les médecins

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
29 avril 2020

L’Espace éthique Alzheimer Nice Côte-d’Azur expose un cas de désaccord illustrant la difficulté de l’estimation médicale de l’état de fin de vie pouvant rendre futile l’alimentation et les conséquences cliniques, déontologiques et éthiques qui en découlent. Dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) de l’arrière-pays niçois, une résidente très âgée est considérée comme vivant sa fin de vie par l’équipe de soins et le médecin coordonnateur. Elle présente une démence très avancée, une perte de toute communication, ne se lève plus de son lit, présente une escarre douloureuse (évaluée de façon non verbale), ainsi que des troubles nutritionnels marqués par une grande lenteur et un refus de l’alimentation assurée par les aidants professionnels, mais pas par la famille. La personne fait des fausses routes, se déshydrate et a été adressée aux urgences hospitalières qui l’a renvoyée immédiatement vers son EHPAD pour la poursuite des soins de fin de vie. Le médecin de famille estime que l’attitude de l’équipe n’est pas conforme aux bonnes pratiques de soins palliatifs. Il s’engage personnellement à venir deux fois par jour pour donner lui-même les repas à sa patiente. Avec insistance, il y parvient et l’équipe constate en quelques jours que la résidente va physiquement mieux. Conformément à la prescription médicale du médecin traitant, l’équipe poursuit l’alimentation. Le médecin traitant alerte par courrier le président du conseil de l’Ordre départemental des médecins ainsi que les tutelles locales et régionales, mettant en difficulté l’équipe de soins et le médecin coordonnateur de l’EHPAD. Quant à la famille, elle n’adhère pas à l’attitude du médecin traitant. Dilemme des soignants : faut-il appliquer la prescription médicale d’alimentation ou respecter le refus alimentaire de la personne malade ? L’Espace éthique Alzheimer recommande d’attendre la troisième réunion collégiale, en mettant en valeur les principes d’humanité et de futilité de l’alimentation à tout prix, en acceptant une attitude de modestie collective. La réunion collégiale n’aboutit pas à de décision formelle mais fait baisser la tension relationnelle. Le médecin traitant espace ses interventions. Le Conseil de l’Ordre ne donne pas suite. La patiente décède sans signe évident de souffrance une quinzaine de jours plus tard.

Espace éthique Alzheimer Nice Côte-d’Azur. Désaccord médical sur la fin de vie. Rev Gériatr 2017 ; 42(9) : 569-570. Novembre 2017. www.revuedegeriatrie.fr