Évaluer la mobilité de façon quantitative pour éviter le risque de chute (1)
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Diagnostic et détection
La démence accroît le risque de chute en réduisant, chez la personne malade, les capacités de jugement, de marche, de perception visuelle et spatiale, de reconnaissance et d’évitement des dangers. Ainsi, dans une étude portant sur 110 personnes âgées en moyenne de 82 ans, atteintes de déficit cognitif léger à modéré, suivies pendant 1 an, Morag Taylor et ses collègues, du centre de recherche sur les chutes, l’équilibre et les blessures de l’Université de Sydney (Australie), montrent qu’une évaluation erronée des distances est un facteur prédictif de chute future. Les personnes malades sous-estiment la distance maximale qu’ils peuvent atteindre avec la main (75 cm ± 13 cm) alors que cette distance, mesurée par un professionnel, est en réalité de 79 cm ± 13 cm). Cette erreur sur l’estimation des distances est associée à une réduction des capacités cognitives et exécutives, à une inquiétude par rapport au risque de chute, à un temps de réaction plus long et à un équilibre plus précaire. Elham Dolatabadi, de l’Institut de réhabilitation de Toronto (Canada), et ses collègues, publient une revue systématique des preuves scientifiques reliant les mesures quantitatives de la marche et de l’équilibre au risque de chute chez les personnes âgées atteintes de démence. Plusieurs mesures permettent d’identifier des personnes à haut risque de chute : la vitesse de marche (cadence ou vélocité), la longueur du pas, l’oscillation posturale, sont couramment employées. Les changements dans la tortuosité de la marche permettent une prédiction des chutes plus précise, 7 jours avant la chute. Parmi les indicateurs ne nécessitant pas d’appareils de mesure, le test chronométré du lever de chaise (Timed up and go), permet de distinguer les chuteurs des non chuteurs. Plusieurs facteurs de risque modifiables de chute, comme la prise de médicaments psychotropes, les troubles du sommeil, les symptômes psycho-comportementaux doivent être toujours pris en compte. Le Consortium canadien sur la neurodégénérescence au cours du vieillissement a publié en juin 2018 un consensus sur des mesures partagées d la mobilité et de la cognition, une batterie minimale de tests comprenant notamment la vitesse de marche avec et sans double tâche, l’évaluation cognitive de Montréal (MOCA-Montreal Cognitive Assessment Test) et le test des tracés (trail-making test).
Taylor ME et al. Inaccurate judgement of reach is associated with slow reaction time, poor balance, impaired executive function and predicts prospective falls in older people with cognitive impairment. Exp Gerontol 2018; 114: 50-56. 30 octobre 2018. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30389580. Dolotabadi E et al. Quantitative Mobility Assessment for Fall Risk Prediction in Dementia: A Systematic Review. Dement Geriatr Cogn Disord 2018; 45: 353–367. Juillet 2018. www.karger.com/Article/Pdf/490850 (texte intégral). Montero- Odasso M et al. Consensus on Shared Measures of Mobility and Cognition: From the Canadian Consortium on Neurodegeneration in Aging (CCNA). J Gerontol A Biol Sci Med Sci, juin 2018. www.pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30101279/.