Évaluer à la fois la fragilité physique et cognitive pour mieux identifier les personnes à risque de dépendance
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La fragilité cognitive n’est pas définie de la même façon d’une étude à l’autre, mais plusieurs travaux soulignent l’intérêt d’évaluer à la fois la fragilité physique et la fragilité cognitive pour mieux identifier les personnes à risque de dépendance. Le syndrome du risque cognitivo-moteur (motoric cognitive risk syndrome) est caractérisé par la présence d’une vitesse de marche réduite (moins de 0,8 mètres par seconde sur une distance de 4 mètres) et de plaintes cognitives subjectives chez les personnes âgées. Les travaux scientifiques actuels suggèrent qu’il pourrait s’agir de signes précurseurs d’une démence, plusieurs décennies avant l’apparition d’un déficit cognitif (Chhetri JK et al., 2017). Une étude japonaise portant sur 4 235 personnes de 72 ans en moyenne, montre qu’un syndrome du risque cognitivo-moteur diagnostiqué chez 6,3 % des participants à l’inclusion. Après 29 mois, 3,3 % des participants ont développé une démence et 4,9 % une dépendance. La présence d’un syndrome du risque cognitivo-moteur est associée à un risque incident de démence multiplié par 2,5 [1,5 à 4,1] et un risque de dépendance multiplié par 1,7 [1,1 à 2,0] (Doi T et al, 2017). Les aires cérébrales associées à la marche recouvrent en partie celles associées à la cognition, notamment l’hippocampe, explique Jagadish Chhetri, du gérontopôle de Toulouse (Chhetri J et al, 2017), qui souligne l’intérêt d’une détection précoce d’un syndrome du risque cognitivo-moteur. Aux États-Unis, Kenneth Covinsky et ses collègues, de la division de gériatrie de l’Université de Californie à San Francisco, ont suivi, pendant 2 ans, 7 338 personnes vivant à domicile, autonomes et sans troubles cognitifs à l’inclusion (cohorte Health and Retirement Study), montre que la combinaison de la fragilité physique et du déficit cognitif léger permet d’identifier des personnes à haut risque de dépendance pour les activités de base de la vie quotidienne dans les 8 ans (risque multiplié par 2,6 chez ces personnes). Au Japon, une étude menée par Kota Tsutsumimoto, du département de gérontologie préventive du centre national de gériatrie et de gérontologie à Obu, portant sur 10 202 personnes âgées de 65 ans et plus, vivant à domicile, montre que la « fragilité cognitive », définie ici comme la combinaison d’un déficit cognitif et d’une fragilité physique, est associée à un risque doublé de fracture en cas de chute. À Taïwan, le centre de recherche sur le vieillissement et la santé de l’Université nationale Yang Ming, dans une étude portant sur 678 personnes âgées de 65 ans et plus, montre que la perte de force musculaire est associée à un risque de mortalité multiplié par 5,4 et la fragilité cognitive, définie ici comme la perte de force musculaire combinée à la fragilité physique, à un risque de mortalité multiplié par 6,7 (Liu LK et al).
Aliberti MJR et al. Assessing Risk for Adverse Outcomes in Older Adults: The Need to Include Both Physical Frailty and Cognition. J Am Geriatr Soc, 23 novembre 2018. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30468258. Tsutsumimoto K et al. Cognitive Frailty is Associated with Fall-Related Fracture among Older People. J Nutr Health Aging 2018; 22(10): 1216-1220. Décembre 2018. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30498829. Liu LK et al. Cognitive Frailty and Its Association with All-Cause Mortality Among Community-Dwelling Older Adults in Taiwan: Results from I-Lan Longitudinal Aging Study. Rejuvenation Res 2018; 21(6): 510-517. Décembre 2018. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29644921. Chhetri JK et al. Motoric Cognitive Risk Syndrome: Predictor of Dementia and Age-Related Negative Outcomes. Front Med 2017; doi: 10.3389/fmed.2017.00166. 25 octobre 2017. www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmed.2017.00166/full (texte intégral). Doi T et al. Motoric Cognitive Risk Syndrome: Association with Incident Dementia and Disability. J Alzheimers Dis 2017; 59(1): 77-84. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28582865.