Euthanasie : souveraineté limitée ou absolue ?

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
01 avril 2008

Interviewé par Cécile Prieur dans Le Monde, le Pr Jean-Yves Goffi, de l’université Pierre Mendès-France à Grenoble, spécialiste de la bio-éthique, rappelle d’abord l’histoire de l’euthanasie : Thomas More et Francis Bacon envisagent au XVIème siècle son entrée officielle dans la médecine ; la politique dite d’eugénisme des nazis montre au XXème siècle le risque de pente fatale. Les adversaires de l’euthanasie invoquent le principe de la dignité ontologique : l’existence humaine est par elle-même revêtue d’une dignité éminente, opposable non seulement aux autres, mais aussi à l’individu lui-même. ; un malade mettant fin à ses jours agirait contre sa propre dignité. Certains se réfèrent aussi à la sacralité de la vie. Les partisans de l’euthanasie ont une autre conception de la dignité : si l’individu estime qu’il ne peut préserver ce qui lui reste de dignité qu’en choisissant la mort, il faut lui permettre de mettre en �uvre un tel choix. Tout individu, selon le philosophe anglais du XIXème siècle Stuart Mill, a un pouvoir souverain sur sa propre existence. Le problème est de savoir si cette souveraineté est absolue ou limitée. Mais même si l’on professe qu’elle est absolue, « peut-elle s’étendre au point d’impliquer certains actes d’autrui comme une prestation obligatoire ? », autrement dit implique-t-elle l’obligation de l’intervention d’un médecin ?
Le Monde , 6 et 7 avril 2008.