Éthique et soins au début de l’épidémie
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
L’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer et les maladies neurodégénératives (EREMAND), a mené, au début de l’épidémie de covid-19, une enquête nationale pour identifier les problèmes rencontrés par les professionnels du grand âge et de l’autonomie, les familles et les bénévoles, ainsi que les initiatives que ceux-ci ont mises en œuvre pour les résoudre. Du 13 au 20 mars 2020, 163 réponses ont été recueillies. Sept difficultés majeures ont été identifiées : l’isolement induit par l’interdiction des visites, le manque de matériels de protection et de tests, les difficultés des personnes atteintes de troubles cognitifs à comprendre les mesures pour éviter la propagation de l’épidémie, la soutenabilité de la surcharge de travail pour les professionnels, l’inquiétude des familles des résidents, les situations complexes à domicile et les difficultés d’accès aux soins. Quatre initiatives ont été mises en œuvre : information et formation des équipes, compensation de l’interruption des visites par d’autres activités, concertations et échanges entre professionnels, actions au bénéfice des personnes vivant à domicile (appel téléphonique par le médecin ou le neuropsychologue aux patients dont le rendez-vous a été annulé, orientation vers l’assistante sociale, contact téléphonique hebdomadaire de l’accueil de jour pour prévention et préservation du lien social, appel du gestionnaire de cas pour proposer de faire les courses, etc.). De nombreux professionnels soulignent que les mesures barrière et le confinement sont difficiles, voire impossibles à mettre en œuvre pour les personnes ayant des troubles du discernement : « comment faire comprendre à la personne qu’elle doit garder un masque sur la bouche et ne plus sortir de sa chambre quand elle est suspectée d’être atteinte de covid-19 ? Comment confiner un résident désorienté déambulant ? On enferme, on sédate, on contentionne ? » Certains répondants paraissent estimer que des mesures restrictives de liberté peuvent être justifiées dans certains cas, lorsqu’il s’agit de protéger les autres : « une femme avec des troubles cognitifs évolués, en EHPAD, déambulante, avec 39°C de fièvre, une rhinorrhée : comment éviter qu’elle contamine les autres. On est obligé d’enfermer les gens dans leur chambre. »
Gzil F et al. Éthique, soin et grand âge pendant l’épidémie de covid-19. Gériatr Psychiatr Neuropsychiatr Vieil 2020 ; 18(2) : 151-156. Juin 2020. www.jle.com/fr/revues/gpn/e-docs/ethique_soin_et_grand_age_pendant_lepidemie_de_covid_19_317257/article.phtml.