Entrée non consentie en établissement
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Quitter son domicile pour une institution est une décision difficile à prendre, en particulier pour celui qui en a le plus besoin, rappellent le Pr Robert Moulias et Bernard Poch, du conseil scientifique de la Fédération 3977 contre la maltraitance. L’absence de consentement, voire d’information, s’accompagne d’une augmentation forte de la morbidité et de la mortalité dans les premiers mois. Les facteurs influençant la décision varient selon le lieu, domicile ou hôpital. Cette décision ne peut jamais être prise dans des conditions d’urgence. Plusieurs personnes interviennent dans cette décision : la personne dépendante concernée, l’aidant principal (conjoint, fille ou autres enfants, souvent pas d’accord entre eux), la personne de confiance, les professionnels de l’aide, qui connaissent ses aptitudes au quotidien, les soignants qui connaissent la densité des soins nécessaires, le médecin responsable du suivi des soins et qui connaît l’évolution prévisible et l’assistante sociale. Le choix de l’établissement en fonction de son coût, de son adaptation aux besoins de la personne et de son accessibilité pour le conjoint (qui souvent ne conduit pas ou plus) et les enfants, constitue une autre difficulté. Décider d’une entrée en institution n’est pas une simple décision sociale à signer sur un coin de lit. Le refus ou l’impossibilité d’un vrai consentement continue à poser des difficiles questions éthiques et pratiques. Cette décision complexe devrait légitimement se voir entourée de garanties : prise de décision collégiale, évaluation gérontologique globale, essais de retours à domicile contrôlés, entrées à l’essai ou de répit.
Moulias R et Poch B. Le syndrome d’« entrée en institution non consentie ». Neurol Psychiatr Gériatr 2017 ; 17(102) : 382-388. Décembre 2017. www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1627483017300429.