Éditorial — Interventions psychosociales : de l’expérience partagée à l’expertise indispensable

Édito

Date de rédaction :
18 décembre 2020

La vidéo de Marta C. Gonzáles, ancienne ballerine espagnole qui vivait avec la maladie d’Alzheimer, nous a profondément émus. Voir que grâce à l’accompagnement d’un musicothérapeute elle parvient à danser à nouveau sur le Lac des cygnes, chef d’œuvre de Tchaïkovski, alors que la maladie est bien là, nous invite à dédier cet édito à un sujet qui nous est cher : l’importance des interventions psychosociales dans l’accompagnement des personnes malades.

Les interactions sociales, les nouvelles rencontres, le partage d’émotions sont indispensables aux personnes malades. Ils contribuent à stimuler leurs fonctions cognitives et les aident à garder une image positive d’elles-mêmes. A ce titre, les activités comme la danse, le taï-chi, le chant au sein d’une chorale, si elles sont accompagnées par des professionnels, sont très bénéfiques. Non seulement, elles aident les personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer à êtres actrices de leur santé mais elles contribuent également à améliorer leur santé sociale.

Marta C. Gonzáles l’illustre à plusieurs égards. Même profondément malade, l’ancienne danseuse parvient à communiquer avec le professionnel qui se tient auprès d’elle. Dès les premières notes, sa main fait signe d’augmenter le son de la musique, elle se redresse progressivement et son regard s’anime, elle demande qu’on lui apporte ses pointes de ballerine et tout au long du morceau, elle exprime des émotions très fortes qu’elle parvient parfaitement à nous transmettre !

Les bénéfices des interventions psychosociales sont donc bien visibles. Certaines ont prouvé leur capacité à retarder le déclin cognitif, à réduire l’impact des troubles sur la qualité de vie des personnes malades et de leurs proches. Toutefois, le développement de ces interventions reste tributaire de la recherche et de « la preuve » de leur efficacité et de leur financement. Quelles sont les interventions les plus efficaces ? Comment s’assurer que ce qui semble être bénéfique pour certains ne présente aucun risque pour d’autres ? Il dépend de la capacité des chercheurs et des professionnels du soin et de l’accompagnement à passer de l’expérience à l’expertise.

L’isolement social que les personnes malades ont subi durant cette année 2020, et l’aggravation des troubles que celui-ci a pu entraîner prouvent que les réponses ne peuvent pas être uniquement sanitaires. L’accompagnement dont bénéficie Marta C. Gonzáles montre combien les interventions psychosociales, même celles qui peuvent nous sembler les plus simples, sont importantes.

Sans attendre, mobilisons-nous pour développer les conditions qui permettront de déployer largement ces interventions tant au domicile que dans les établissements d’accueil et d’hébergement pour favoriser et améliorer la santé sociale des personnes malades, indispensable à leur bien-être !

La rédaction