Dot, de Coleman Domingo
Société inclusive
Dans une famille noire de la classe moyenne de Philadelphie (Etats-Unis), Shelly (Sharon Washington), la fille qui s’occupe de sa mère Dotty (Marjorie Johnson), atteinte de la maladie d’Alzheimer, et qui assume « la part du lion dans l’aide qui lui est imposée en tant que fille », bien qu’elle ait un frère et une sœur qui pourraient prendre leur part. Elle a aussi un enfant de neuf ans. Shelly est à bout, et elle explose de colère. Elle est fatiguée de répéter les réponses à des questions de sa mère, qu’elle a déjà données quelques minutes plus tôt. Sa mère s’est fait arrêter par la police en excès de vitesse. La police a demandé à Dotty pourquoi elle conduisait si vite. Elle a répondu qu’elle aimait bien le frisson du vent sur elle. La police lui a demandé où elle allait, mais la vieille dame ne savait plus. Son adresse a été retrouvée grâce à son téléphone portable. A l’annonce du diagnostic, Dotty a déclaré qu’elle ne voulait plus être une charge pour quiconque. Shelly ne veut donc plus laisser sa mère seule à la maison, et elle l’emmène à son travail. Shelly est triste de ne plus être gaie. La surveillance de tous les instants ne lui en laisse plus le temps. Son seul répit survient quand Fidel vient aider plusieurs fois par semaine. C’est un réfugié politique du Kazakhstan. Elle fait appel à lui car elle n’a pas assez d’argent pour payer des services professionnels. A la fin de la pièce, la fête de Noël exacerbe les tensions familiales. Dotty se tient « debout, seule, oubliée dans le chaos et la célébration, et regarde fixement les spectateurs depuis son propre monde intérieur, dont nul ne sait de quoi il est fait », écrit Deborah Quilter, de Next Avenue [un site Internet d’une association américaine dédiée à l’information des personnes “au milieu de la vie”, partenaire de la radio Public Broadcasting System]. La pièce est jouée et mise en scène par Coleman Domingo au Vineyard Theatre de Manhattan (New York, Etats-Unis). Après la pièce, un débat a été organisé avec l’activiste féministe Jamia Wilson et Sarita Gupta, directrice de l’association d’aide inter-générationnelle Caring across generations, sur la « génération panini », un terme humoristique pour désigner autrement cette « génération sandwich » [ou « pivot »] de femmes qui doivent assumer à la fois leur rôle de mère et d’aidante. La situation des aidants immigrés, et celle des aidants vieillissants, a aussi été évoquée.