Diagnostic précoce : des biais de mesure liés aux stéréotypes âgistes

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Date de rédaction :
29 avril 2020

Stéphane Adam, de l’unité de psychologie de la sénescence à l’Université de Liège (Belgique), et ses collègues, rappellent que la vision actuelle du vieillissement est principalement négative, teintée du phénomène d’âgisme (c’est-à-dire toutes les formes de discrimination, de ségrégation ou de mépris fondées sur l’âge). Une telle image de la vieillesse n’est pas anodine : elle peut avoir des effets délétères sur la santé physique et mentale des personnes âgées. Les professionnels apparaissent particulièrement vulnérables aux stéréotypes négatifs qui influencent leurs attitudes (aide excessive, sur- ou soustraitement, langage utilisé avec les personnes…). En ce qui concerne le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer, le simple fait de dire à une personne qu’on va tester sa mémoire peut l’amener à se sentir plus vieille et avoir un moins bon score au test cognitif que si l’on n’avait pas mentionné la mémoire. Or les diagnostics précoces se font dans une structure appelée « clinique de la mémoire ». Les conditions de l’examen sont donc déjà propices à créer (ou a minima accentuer) les symptômes. Il est donc essentiel de rester attentif à différents éléments inhérents au contexte clinique, qui peuvent avoir des effets combinés négatifs sur la performance des personnes âgées et conduire à un risque de « surpathologisation ». Pour les chercheurs, la connaissance des biais de mesure cognitive liés à la stigmatisation et à l’activation de stéréotypes auprès de personnes âgées doit être intégrée dans les débats sur l’annonce d’un diagnostic de démence, sur le diagnostic chez les personnes ne présentant aucun symptôme, sur le concept de déficit cognitif léger.

Adam S et al. Vieillir en bonne santé dans une société âgiste… Neurol Psychiatr Gériatr 2017 ; 17 : 389-398. Décembre 2017. www.em-consulte.com/article/1181740/vieillir-enbonne-sante-d.