Diagnostic et suivi de la démence : qu’en pensent les généralistes ? (1)

Échos d'ailleurs

Date de rédaction :
01 mars 2011

La moitié des démences restent non détectées, selon le neurologue espagnol Javier Olazarán, de l’hôpital Gregorio Marañón de Madrid (Espagne), pour qui la détection et le diagnostic peuvent être faits en médecine générale. Selon lui, le syndrome-cible doit être le déficit cognitif léger, qui peut évoluer à terme vers une démence. Le diagnostic de démence doit être accompagné par un plan de prévention des accidents, la gestion des symptômes psycho-comportementaux, un traitement pharmacologique spécifique approprié et un soutien aux aidants. Mais les médecins généralistes n’ont pas toujours le temps ni l’expertise pour faire passer des tests cognitifs. Les éléments retrouvés dans l’histoire de la maladie peuvent-ils avoir une utilité prédictive ? Une étude prospective de cohorte, menée auprès de 177 personnes âgées de cinquante ans et plus, dont 46% étaient atteintes de déficit cognitif léger et 10% de démence à l’inclusion, montre, après un an de suivi, que 9.9% des personnes atteintes de déficit cognitif léger ont progressé vers une démence (diagnostic établi par un neurologue), mais que 59.3% sont revenus à une cognition normale. Un faible niveau d’éducation est un facteur prédictif de progression vers la démence ; les facteurs prédictifs du retour à une cognition normale sont un nombre de comorbidités plus faible et un âge moins élevé.

Qu’en pensent les médecins généralistes ? Toujours en Espagne, l’Institut d’assistance sanitaire Salut de Anglès de Girone a mesuré les perceptions, attitudes et besoins de cent-huit médecins généralistes et cent-dix infirmières de ville par rapport au diagnostic et au suivi des patients présentant des troubles cognitifs, dans vingt-six territoires de santé. 98.6% des participants ont déclaré avoir besoin d’une formation spécifique sur la démence ; 49.1% des médecins et 47.5% des infirmières mentionnant qu’ils n’avaient jamais eu ce type de formation ou n’en n’avaient pas eu depuis plus de cinq ans. Au total, 88.7% des médecins généralistes ne font pas régulièrement de diagnostic de démence, et en font dans 25.5% aux stades légers. Les obstacles principaux au diagnostic mis en avant par les généralistes sont le manque de confiance dans le diagnostic (pour 32.6% des médecins) et le manque de temps durant la consultation (31.4%). La quasi-totalité des médecins (87%) évoque des difficultés dans la surveillance et le contrôle de ces patients.

Olazarán J. Can dementia be diagnosed in primary care ? Aten Primaria, 19 février 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21339019 (article en espagnol). Olazarán J et al. MCI and dementia in primary care: the value of medical history. Fam Pract, 14 mars 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21402661. Coll de Tuero G et al. Perception, attitudes and needs of Primary Care professionals as regards the patient with dementia. Aten Primaria, 8 mars 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21392856 (article en espagnol).