Déshumaniser les robots devant les résidents

Innovation

Date de rédaction :
16 juin 2020

La composante émotionnelle de la relation avec la machine est très peu documentée, souligne le psychiatre Serge Tisseron : ceci oblige à repenser l’éthique de la psychologie sous le prisme des technologies destinées à des personnes vulnérables. Parmi les principes absolus, dit-il, la démarche de déshumanisation du robot constitue une part essentielle. Dès qu’il y a une relation humaine, les robots doivent être des outils comme les autres. En d’autres termes, ils doivent se limiter à accompagner et aider le professionnel, et ne doivent remplacer l’humain que pour les tâches qui ne nécessitent pas d’intervention auprès de personnes. Afin de limiter les projections anthropomorphes, le psychiatre appelle notamment à développer et étudier les nouvelles formes de contrôle possible, comme l’allumage et l’arrêt du robot devant les résidents. « Quand parfois, en EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), un robot arrive allumé, repart allumé, et que le professionnel formule une invitation à faire un bisou au robot, il y vraiment à réfléchir car c’est induire un risque d’attachement dont on ne connaît pas les conséquences. » Le psychiatre appelle à renforcer la recherche pour sortir la cyberpsychologie de la « zone noire ».

Hospimédia, 24 mai 2019.