Des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer font de l’escrime
Société inclusive
La plateforme de répit et d’accompagnement de l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Taillegrain de Bourges (Cher) propose aux aidants, aux proches de personnes atteintes de maladies neuro-dégénératives, et aux personnes malades elles-mêmes, des activités de sophrologie, des exercices de développement et de travail de la mémoire, un groupe de parole (le Café des familles), des activités physiques adaptées et, depuis peu, un atelier escrime, une première en France. Animé par Anaïs Berrueco, professeure de sport adapté à l’EHPAD et Éric Gaudin, brancardier au Centre hospitalier Jacques-Cœur et escrimeur chevronné, l’atelier hebdomadaire se déroule à la salle d’armes de l’Escrime Club de Saint-Doulchard (102 licenciés). « Se retrouver dans une atmosphère conviviale et détendue, et aussi dynamique, portée vers l’exercice et l’effort, est très bénéfique aux participants », estime la psychologue Manon Billaud. « Par le biais du sport, ils font travailler à la fois leurs capacités physiques mais aussi cognitives. » Éric Gaudin, fleurettiste depuis l’âge de 7 ans, explique : « comme c’est une discipline sportive méconnue, les débutants y perçoivent d’autant plus facilement un défi personnel. C’est encore renforcé par la notion de duel, de combat. Porter une touche au plastron du maître est un petit exercice mais déjà une grande victoire. Au bout de six séances, ils seront en piste avec l’équipement électrique. L’escrime leur donne confiance en eux, les aide à briser l’isolement, leur fait travailler les réflexes, la mobilité, l’équilibre, la coordination. » L’atelier réunit parfois jusqu’à dix participants. Aucun n’avait jamais touché un fleuret mais toutes et tous sont surmotivés, tant lors des exercices d’échauffement qu’une fois en piste, l’arme au poing. « En escrime, c’est attirant de devoir revêtir une tenue spécifique, et plus encore un masque, explique-t-elle. On se glisse dans la peau d’un autre, c’est déjà un excellent exercice ! » Les prestations sont gratuites, financées par l’Agence régionale de santé (ARS).