Des EHPAD mieux armés face à un rebond de l’épidémie ?
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Parmi les 30 686 décès liés au virus Sars-Cov-2, 14 555 personnes (47 % des victimes) étaient résidents d’EHPAD, ont rappelé les fédérations du secteur et la direction générale de la cohésion sociale (DGCS), auditionnées par la commission d’enquête sénatoriale. Les fédérations déplorent un retard de 2 à 3 semaines avant que le médico-social puisse appliquer l’ensemble des 30 protocoles déployés pour le secteur. Ce retard est lié à la priorité donnée par les autorités au secteur sanitaire. « La crise a été très administrée, suradministrée », souligne Aurélien Rousseau, directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France. Benoît Calmels, délégué général de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (UNCCAS), évoque la « désobéissance » à la norme, lorsqu’elle était impossible à faire respecter : sur le terrain, les « bricolages » et les prises d’initiatives auront permis de faire bouger les lignes. « Le covid-19 a amené tout le monde à prendre des circuits courts », résume Marie-Anne Montchamp, présidente de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), qui appelle à une remise en question collective pour construire le « modèle d’après, beaucoup plus ouvert, beaucoup moins normé ». « Il y a clairement eu une sous-estimation du risque pour le médico-social », déclare Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF). « Il est indéniable qu’il y a eu une prise de retard sur la situation des EHPAD et il y a toujours un retard de prise en charge des enjeux » à ce stade, estime-t-elle. Virginie Lasserre, directrice générale de la DGCS, explique que « le secteur médico-social et particulièrement les EHPAD, a été particulièrement compliqué à gérer en période épidémique car il s’agit d’un secteur très atomisé, contrairement au secteur sanitaire ». Elle évoque la question de la double tutelle agence régionale de santé/conseil départemental et des systèmes d’information non consolidés. Elle appelle à « impérativement pérenniser » l’acquis majeur qu’a constitué l’appui sanitaire renforcé aux établissements d’hébergement. Pour Jean-Pierre Riso, président de la FNADEPA (Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées), la crise a laissé apparaître des possibilités pour faire exploser des silos entre soignants et non-soignants. Il souligne l’inquiétude des professionnels face à une deuxième vague, inquiétude intrinsèquement liée aux effectifs, « au regard de l’usure et de la fatigue des équipes. » Pascal Champvert, président de l’AD-PA (Association des directeurs au service des personnes âgées) appelle à « un renfort d’urgence, sans attendre la loi. » Virginie Lasserre, évoquant les dispositifs de soutien et les 3 000 volontaires prêts à intervenir très rapidement dans les EHPAD si besoin, se veut rassurante : « nous sommes beaucoup mieux préparés à une reprise de l’épidémie. Aujourd’hui, la situation n’est absolument pas la même. Nous disposons d’équipements de protection individuelle et 1,52 milliard de stock stratégique de l’État en masques. Nous sommes beaucoup mieux armés pour affronter un rebond de l’épidémie. »
Hospimédia, 4 et 17 septembre 2020.