Démence : interventions psychosociales (1)

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
08 octobre 2011

Pour Alexander Kurz, professeur de psychiatrie à l’Université technique de Munich (Allemagne), même si de nouveaux médicaments parvenaient à réduire l’incidence de l’incapacité et de la dépendance, ils prolongeraient la vie avec le déficit cognitif auquel doivent faire face les personnes atteintes de démence et leurs familles. Le développement pharmaceutique doit donc impérativement s’accompagner du développement d’interventions non-médicamenteuses et de services de proximité qui aideront les personnes malades à vivre avec la maladie tout au long de sa progression clinique.

Pour le professeur Clive Ballard, du centre des maladies liées à l’âge du King’s College de Londres, les interventions psychosociales les plus efficaces, même si leurs effets demeurent modestes s’appuient sur la stimulation cognitive, mais cette approche exige beaucoup de temps de personnel, et demande à être mieux évaluée en termes de coût et d’efficacité.

Pour le Professeur Myrra Vernooij-Dassen, directrice du Centre Alzheimer de Nimègue (Pays-Bas), les interventions psychosociales efficaces à domicile sont l’ergothérapie, l’éducation à la santé psychologique, le « recadrage cognitif » (cognitive reframing) et la gestion de cas. Ces interventions améliorent le sens de la compétence chez les aidants et réduisent la dépression des aidants et des personnes malades. Dans les établissements, la Réminiscence, les interventions combinées et l’entraînement cognitif (cognitive training) peuvent réduire les troubles comportementaux. Les interventions combinées peuvent retarder l’institutionnalisation. Aucune intervention ne peut répondre à la totalité des situations, et les interventions censées apporter du soutien ne l’apportent pas nécessairement. Les interventions psychosociales ne sont pas toujours appréciées. Le soutien social est souvent inefficace en raison des « coûts émotionnels » ressentis par les personnes bénéficiaires de l’aide : la dépendance menace l’estime de soi. A l’avenir, les interventions psychosociales devraient davantage prendre en compte les capacités de la personne atteinte de démence et son désir d’être un citoyen participant à la vie de la cité. Etre capable de donner en retour (giving back) est un besoin social largement ignoré. Reconnaître cette norme de réciprocité pour tous les citoyens peut prévenir ou atténuer la perte d’autonomie et de dignité des personnes dépendantes, améliorer leur inclusion sociale et leur qualité de vie.

Kurz A. Treating Alzheimer’s disease. 21st Alzheimer Europe Conference. Varsovie (Pologne), 6-8 octobre 2011. Communication PL 2.1. Ballard C. Nonpharmacological treatment of Alzheimer’s disease. Can J Psychiatry 2011; 56(10): 589-595. Octobre 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22014691. Vernooij-Dassen M. Psychosocial interventions in dementia. 21st Alzheimer Europe Conference. Varsovie (Pologne), 6-8 octobre 2011. Communication PL 2.3. www.alzheimer-europe.org/EN/Conferences/Warsaw-2011/Detailed-Programme-and-abstracts/PL2.-Prevention-treatment-and-management-of-dementia.