Démence et fragilité : quel lien ?

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Date de rédaction :
05 juin 2020

Les services nationaux de la santé britanniques définissent la fragilité comme une perte de résilience, ce qui signifie que les personnes fragiles ne sont pas capables de « rebondir » (bounce back) rapidement après une maladie physique ou mentale. Caractérisée par un ensemble de 47 déficits de santé, la fragilité multiplie par 3.5 le risque de développer une démence chez des personnes ayant de bonnes fonctions cognitives, montrent Nina Rogers et ses collègues, du département d’épidémiologie et santé publique de l’University College de Londres, dans une étude portant sur 8 722 personnes âgées (English Longitudinal Study on Aging). La fragilité concerne 17% des personnes âgées au Royaume-Uni. En tant que facteur prédictif indépendant de la démence incidente, la fragilité devrait être suivie en parallèle du fonctionnement cognitif lors de l’évaluation des facteurs de risque de démence, recommandent les épidémiologistes britanniques.

La fragilité étant associée à la fois au vieillissement et au déclin cognitif, la recherche d’une approche unifiée a conduit au nouveau concept de fragilité cognitive, expliquent Roberta Vella Azzopardi et ses collègues, du groupe d’étude du gérontopôle de Bruxelles. Une revue systématique des mesures cognitives dans la définition opérationnelle de la fragilité (85% de ces études ont été publiées après 2010), indiquent une prise de conscience récente de la contribution des déficits cognitifs au déclin fonctionnel. Plusieurs méthodes d’évaluation cognitive apparaissent dans les outils de mesure de la fragilité : l’auto-évaluation ; l’évaluation de la démence comme une co-morbidité ; des instruments objectifs pour la détection des troubles cognitifs, des signes et symptômes spécifiques ou non, du syndrome confusionnel (delirium) et de l’obscurcissement de la conscience ; des évaluations mixtes. Pour les chercheurs, l’évaluation cognitive progresse dans les outils d’évaluation de la fragilité. Une fois que les domaines cognitifs les plus fortement associés au déclin fonctionnel seront identifiés et que leur évaluation sera mise en œuvre, les bases seront posées pour identifier des facteurs réversibles et développer des interventions de prévention. Dominic Carter, responsable politique à la Société Alzheimer britannique, qui milite pour la reconnaissance de la démence comme handicap, a appelé les services de santé à ne plus refuser la rééducation fonctionnelle des personnes atteintes de démence. « Ces services sont cruciaux si nous voulons empêcher un cercle vicieux : devenir fragile, tomber, être hospitalisé, et devenir encore plus fragile. »

J Dementia Care, janvier-février 2018. Rogers NT et al. Frailty is an independent predictor of incident dementia: Evidence from the English Longitudinal Study of Ageing. Sci Rep 2017; 2017; 7: 15746. 16 novembre 2017.

www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5691042/pdf/41598_2017_Article_16104.pdf (texte intégral). Vella Azzopardi R et al. Increasing use of cognitive measures in the operational definition of frailty-A systematic review. Ageing Res Rev 2018; 7 février 2018. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29408342. www.alzheimers.org.uk, 16 novembre 2017.