Consolider la mémoire des habitudes permet l’adaptation des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à leur environnement

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Approches psychosociales

Date de rédaction :
01 octobre 2020

La mémoire qui s’en va dans la maladie d’Alzheimer est très précise, c’est la mémoire épisodique, rappelle Christophe Reintjens, responsable du centre de formation de la Fondation Médéric Alzheimer. C’est une mémoire consciente, explicite, qui permet de se rappeler d’évènements passés (par exemple, ce que l’on a mangé la veille, le film qu’on a vu la semaine précédente) et de prévoir ceux à venir (par exemple, les prochaines vacances). En revanche, la mémoire procédurale est préservée chez les personnes atteintes de déficit cognitif léger ou de maladie d’Alzheimer. C’est la mémoire des savoir-faire et des habiletés motrices, qui permet d’acquérir des automatismes, afin d’accomplir des tâches motrices, mais sans avoir à réapprendre les gestes nécessaires à l’action : marcher, manger, nouer ses lacets, faire du vélo… La persistance de la mémoire procédurale est confirmée par une méta-analyse de 17 études portant sur 670 personnes atteintes de troubles neurocognitifs, menée par Liselotte de Wit et ses collègues, du département de psychologie clinique de l’Université de Floride (Etats-Unis).

En EHPAD, explique Christophe Reintjens, les personnes touchées par une maladie d’Alzheimer qui descendent manger remontent seules dans leur chambre, elles connaissent le chemin. Tant qu’elles suivent des procédures automatiques elles peuvent retrouver leur chemin. C’est pour cela qu’il faut éviter de les changer de chambre. Le même principe s’applique lorsque nous faisons en voiture le trajet domicile-lieu de travail, nous pouvons penser à autre chose sans nous préoccuper vraiment de la route car une partie de nous connaît le chemin. Cette mémoire-là n’est pas du tout atteinte. Alors, plus des habitudes précises répétitives et des repères vont être installés, plus ces personnes vont évoluer de manière relativement normale dans leur environnement. La mémoire affective marche aussi très bien. Si les personnes âgées font quelque chose qui leur plaît, pour lequel elles prennent du plaisir, par exemple un atelier cuisine, elles peuvent en reparler plusieurs jours plus tard, même si elles seront incapables de dire ce qu’elles ont préparé comme recette précisément.

Hospimédia, 18 septembre 2020. De Wit L et al. Procedural Learning in Individuals with Amnestic Mild Cognitive Impairment and Alzheimer’s Dementia: a Systematic Review and Meta-analysis. Neuropsychol Rev, 8 septembre 2020. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32897482.