Conception et usage des unités de vie spécifiques

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
10 juin 2011

« Le respect des droits des usagers et la qualité des projets portés par les établissements et services médico-sociaux restent largement conditionnés par le « bâti » pré-existant et l’implantation géographique d’origine. Il est alors fréquent de constater une possible distorsion entre une conception dynamique des projets et des caractéristiques spatiales qui parfois restent figées dans le temps, au risque de rendre contre-productifs les efforts déployés par les professionnels » : l’association de formation continue Actif publie un dossier sur le cadre architectural, l’environnement et la qualité de vie dans les établissements médico-sociaux. « Espace vide ou espace plein, espace de l’attente et de l’ennui ou espace suscitant l’intérêt ou la curiosité, espace déconnecté de son environnement ou espace qui permet de ne pas tout-à-fait l’oublier, sont quelques-uns des choix qui s’offrent aux concepteurs et aux gestionnaires. Ces choix dépendent évidemment de la représentation qu’ils ont des personnes souffrant de troubles cognitifs » : pour Colette Eynard, consultante en gérontologie et Kevin Charras, responsable des programmes d’interventions psychosociales à la Fondation Médéric Alzheimer, « la question de la conception d’espaces dits « spécifiques » destinés aux personnes qui souffrent de maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés se pose de manière récurrente et quasi obligatoire pour les établissements. Faute de moyens, ceux-ci choisissent le plus souvent de circonscrire la question de l’accueil de ces personnes à la conception d’un espace clos, dans lequel les résidents pourront être surveillés commodément et où leur déambulation sera facilitée, sans que l’on s’interroge toujours sur la question de savoir s’il ne serait pas plus intéressant de prendre appui sur ce que nous savons des relations entre l’homme et son environnement. En ce qui concerne les personnes touchées par la maladie d’Alzheimer, souvent appelées « désorientées », elles tendent en effet à avoir besoin de repères familiers tant au niveau de l’environnement dans lequel elles se trouvent qu’à celui des activités de la vie quotidienne. Un mode de vie et un environnement domestique peuvent donc constituer une réponse adaptée à cette maladie. Néanmoins, le lieu de vie des résidents étant aussi le lieu de travail du personnel, on peut se poser la question de savoir si les résidents habitent le lieu de travail des professionnels ou si ceux-ci travaillent chez les résidents ».

Eynard C et Charras K. Du spécifique au générique. Conception et usage des unités de vie accueillant des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. Cahiers de l’Actif 414-415 : 143-154. Novembre-décembre 2010. Reçu le 15 juin 2011.