Colocation Alzheimer : Suisse

Société inclusive

Date de rédaction :
26 mars 2016

« Plus capables de vivre seuls à domicile, mais pas assez atteints dans leur santé pour aller en établissement médico-social (EMS), Cosmo et Ruth ont emménagé respectivement en janvier et en mars. “On est bien ici, on est soignés comme des rois”, sourit l’ancien mécanicien, qui a conservé l’accent italien de ses origines. Le fait de bénéficier de compagnie des autres colocataires, mais aussi des accompagnants présents durant la journée, permet d’apaiser des troubles annexes comme l’angoisse ou la dépression. « Leur mémoire à long terme fonctionne, et nous pouvons discuter tout à fait normalement, mais il faut savoir que leur mémoire à court terme est d’une à cinq minutes, précise Annelise Givel, responsable des colocations Alzheimer auprès de la Fondation Saphir. Et les personnes que nous accueillons se rendent encore compte de leur maladie, ce qui peut entraîner une grande souffrance, nous essayons donc de les entourer au mieux, pour qu’elles se sentent bien. Le but est que leur vie soit la plus proche de celle qu’elles avaient à la maison. » Les locataires disposent chacun d’une chambre qu’ils meublent à leur guise. Et il n’y a pas de réveil aux aurores, ni de programme arrêté pour la journée, excepté pour les repas, qui se font en commun de la préparation à la consommation. « Comme ça, ils peuvent regarder la quantité qu’on avale », lance Cosmo d’un air taquin. Après le petit-déjeuner, il s’assied dans le salon commun pour lire un magazine. Ruth, fatiguée, se retire dans sa chambre. Pour l’instant, ils sont deux, mais l’appartement peut accueillir jusqu’à six «colocs». L’encadrement familial, non médicalisé, de ce type d’hébergement, coûtant environ un tiers moins cher qu’une chambre en EMS, séduit. Mais la sélection est difficile. « Les personnes doivent être indépendantes physiquement et leur comportement est essentiel. Dans un groupe de six, il suffit d’une personne toxique pour que tout s’écroule », constate Annelise Givel.