Colocation Alzheimer : France

Société inclusive

Date de rédaction :
26 mars 2016

« Depuis janvier, six personnes atteintes de la maladie Alzheimer ou troubles apparentés vivent en colocation, dans une maison de ville. Une expérience unique en Picardie », écrit Fanny Dollé, du Courrier picard. Ils sont six colocataires ne pouvant plus rester seuls dans leur ancien logement mais suffisamment autonomes pour continuer à participer à la gestion de la vie quotidienne. À leurs côtés, des auxiliaires de vie (quatre la journée et deux la nuit) et des bénévoles des petits frères des Pauvres, principal porteur du projet. « Mon mari, âgé de cinquante-deux ans, est atteint d’Alzheimer depuis dix ans. Je ne voulais pas qu’il aille en structure médicalisée, il est encore jeune. Ici, les enfants peuvent voir leur père heureux. Il n’y a plus de tension à la maison. J’avais fini par devenir son infirmière », confie Marion, en regardant son mari arrêter un ballon. « Je savais qu’il serait entouré de personnes sensibles à cette problématique. C’est rassurant de le savoir bien entouré.  » Cela fait maintenant quinze jours que son époux, Éric, a déménagé dans sa nouvelle maison. Une grande demeure de près de 400 m², avec un salon, une cuisine, des chambres aux portes colorées, et 2 500 m² de jardin. Chaque jour, une quinzaine de bénévoles se relaient pour organiser des animations au rythme de la journée. Pour Charly, soixante-dix-huit ans, c’est « jardinage et promenade dans le parc », sous le regard protecteur de Michelle, son épouse qui vit avec lui dans l’une des deux chambres doubles de la maison. « Dès qu’il ne me voit plus, il panique, observe-t-elle. Seule, je n’avais plus la force de m’occuper de lui. Grâce à cette colocation, je reste à ses côtés.  » Une fois par mois, un conseil de colocation se réunit, avec les familles, les bénévoles et les colocataires. Les premières satisfactions apparaissent pour Bernard, venu d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), le visage fermé et qui retrouve, jour après jour, le sourire. « C’est notre plus belle récompense, voir cette maison qui prend vie », confie Marie-Thérèse You, bénévole active de France Alzheimer Oise et qui travaille depuis huit ans sur ce projet. L’association a reçu beaucoup de demandes ; une septième personne s’apprête à rejoindre le groupe dans les prochains mois. Un audit sera réalisé, en fin d’année, par les petits frères des Pauvres. « Ces conclusions nous permettront de savoir si l’expérience peut être reconductible ailleurs. »