Clowns : l’effet de l’humour sur les troubles du comportement (2)

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
26 mars 2016

Les clowns ont passé une demi-journée dans plusieurs maisons de retraite de Toronto. Les interactions peuvent durer entre trente secondes et trente minutes. Heather Annis, alias Peachy, est « clown thérapeutique ». Elle explique : « ce sont ces petites surprises qui me prennent au dépourvu. » « Nous observons toutes sortes d’indices non verbaux », ajoute sa collègue Kathleen LeRoux, alias Dizzy : « si la personne se tourne vers nous, si elle respire plus ou moins fort, si elle se détend, si elle devient plus énergique. » A la différence des clowns intervenant en pédiatrie, fantasques et habillés de couleurs vives, les clowns intervenant auprès des personnes âgées ont une apparence plus discrète, s’habillent avec des vêtements anciens évoquant des souvenirs du passé. « Intuitivement, j’ai senti que cette intervention serait magique et elle l’a été », déclare Pia Kontos.

Comment de tels effets s’expliquent-ils ? Pia Kontos relève trois ressorts-clés pour une intervention efficace : la relation affective, l’espièglerie (playfulness) réciproque et la co-construction de l’imagination. « Ces résultats mettent en avant la capacité souvent négligée des personnes vivant avec une démence d’être délibérément drôles, enjouées et imaginatives. La présence relationnelle offre une perspective importante pour repenser l’interaction entre les personnes malades et le personnel des maisons de retraite », explique-t-elle.  Pour Christian Derouesné, ancien chef de service de neurologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris, « l’humour est, d’un point de vue psychologique, un processus complexe qui met en jeu divers processus cognitifs, affectifs, et sociaux dans un contexte interpersonnel. Le noyau cognitif (perception de l’humour) est basé sur une incongruité réunissant deux représentations mentales paraissant incompatibles ou contradictoires. Cette incongruité crée un effet de surprise et, lorsqu’elle est résolue dans une nouvelle représentation dans un contexte ludique, elle s’accompagne d’une émotion spécifique dont le caractère et l’intensité varient en fonction de la structure des productions humoristiques plus que de leur contenu et de ses rapports avec les valeurs personnelles, culturelles et sociales des sujets. »

www.citynews.ca/2016/03/11/laughter-is-the-best-medicine-elder-clowns-being-used-to-treat-dementia/ (vidéo), 11 mars 2016. Kontos P et al. Presence redefined: the reciprocal nature of engagement between elder-clowns and persons with dementia. Dementia (London), 23 avril 2015. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25908500.

Derouesné C. Neuropsychologie de l’humour : une introduction. Partie 1 : données psychologiques. Gériatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 14(1), 95-103. Mars 2016.

www.jle.com/fr/revues/gpn/e-docs/neuropsychologie_de_lhumour_une_introduction_partie_1._donnees_psychologiques_306736/article.phtml.