Chine : l’investissement dans les maisons de retraite reste frileux
Échos d'ailleurs
Selon un rapport de l’Institut chinois de recherche sur le vieillissement de septembre 2014, le marché intérieur des biens et services pour la population vieillissante est estimé à 644 milliards de dollars (8% du produit intérieur brut) et pourrait atteindre 33% du PIB en 2050. La Chine sera alors le premier marché mondial pour les entreprises au service des personnes âgées de plus de soixante ans, qui représenteront un quart de la population mondiale des seniors. Fin 2013, on comptait environ 42 500 organisations au service des personnes âgées et 4.93 millions de lits pour 200 millions de personnes âgées (ratio de 41 personnes pour un lit). Un autre ratio inquiète les décideurs politiques : un enfant aura la responsabilité de deux parents et quatre grands-parents, ce qui pose des difficultés considérables pour le maintien à domicile des personnes âgées. Il y a un an, le Conseil d’État a publié une note de politique pour accélérer le développement du secteur des personnes âgées, en encouragent les entreprises, les gouvernements locaux et d’autres partenaires à y prendre part. Shanghaï (la première ville du pays avec 24 millions d’habitants) prévoit d’investir 5 à 8 milliards de yuans (680 millions à 1.1 milliard d’euros) par ans pour promouvoir « l’industrie au service des personnes âgées ». Un programme pilote a été mis en place dans le district de Minghang pour construire un groupe de communautés de personnes âgées, avec des subventions publiques de 30 000 à 50 000 yuans (4 100 à 6 800 euros) par lit. La ville de Rugao (province côtière de Jiangsu) où le quart de la population est âgé de soixante-cinq ans et plus et près de trois cents centenaires, se proclame la « cité de la longévité » et veut donner l’exemple en attirant des investisseurs. Mais ces deux villes sont l’exception. Selon l’Institut chinois de recherche sur le vieillissement, 9% seulement des maisons de retraite privées (28% des maisons de retraite en Chine) sont rentables. 40% sont déficitaires et le reste arrive à peine à l’équilibre financier. Les investissements sont considérables et le retour sur investissement très long. De plus, la culture familiale chinoise, fondée sur le principe confucéen de la piété filiale, assimile l’entrée en établissement à un abandon, qui remplit les enfants de honte et de culpabilité. Enfin, de nombreuses personnes âgées préfèrent rester à domicile plutôt que de dépenser des milliers de yuans par mois dans un établissement, explique Qiui Hongjuan, propriétaire d’une maison de retraite à Danyang (Jiangsu). Pour Joseph Christian, fondateur de China Senior Housing Advisers, qui conseille depuis cinq ans des groupes étrangers souhaitant s’installer en Chine, « le secteur est encore jeune, et les gouvernements locaux commencent à peine à définir leur feuille de route. Les entreprises étrangères ne voient pas encore ici de modèle économique rentable, et on manque de professionnels formés pour le secteur des personnes âgées. Cheng Yingkun, du China Daily, le principal journal chinois en langue anglaise, résume : « le marché des services pour les personnes âgées est un casse-tête, et une rentabilité rapide pour les investisseurs est improbable. »
China Daily, 22 décembre 2014.