Avant le temps des décisions

Édito

Date de rédaction :
01 octobre 2007

C’est le moment, rare et toujours trop court, où tout le monde réfléchit, analyse, consulte, propose. Face au calendrier très serré fixé par Nicolas Sarkozy, chacun s’efforce d’abord, dans un fructueux désordre, de délimiter ou de définir clairement les problèmes.
Pour un spécialiste comme le professeur Bruno Dubois, il n’y aurait rien de plus important que de faciliter le diagnostic précoce, « ce qui n’est pas, dit-il, dans les directives du plan » (Les Echos, 25 octobre). Si ce point de vue soulève parfois des réserves, il existe en revanche un consensus sur un point crucial : l’importance écrasante de l’aide apportée par les aidants familiaux (80% de l’aide, les 20% restants étant assurés par les services publics ou communautaires, cf. ADEHPA/AD-PA, septembre-octobre), ce qui pose des problèmes de formation (Le Lien, septembre), mais aussi de répit : le recours à l’accueil temporaire doit toujours être soigneusement préparé, tant auprès des malades que de l’entourage (Neurologie Psychiatrie Gériatrie, octobre). Les Américains vont jusqu’à mettre en place des réseaux d’aidants où l’on se partage les tâches (www.sharethecare.org).
Tout le monde est d’accord sur la nécessité d’un nouveau plan Alzheimer, voire de re-penser toute la politique de la dépendance des personnes âgées. La Caisse nationale pour la solidarité et l’autonomie apparaît comme la mieux placée pour échafauder les grandes lignes du futur « cinquième risque » (Actualités sociales hebdomadaires, 19 octobre ; www.agevillagepro.com, 22 octobre). Mais des points de vue quelque peu différents se font jour dès que l’on aborde le financement et les modalités. La CNSA propose une prestation unique pour les personnes âgées et handicapées, quels que soient leur âge et l’origine de la dépendance, la « prestation personnalisée de compensation ». (www.maire-info.com, 17 octobre). Comment la financer ? Extension de la CSG aux revenus non salariaux ? Augmentation de la CSG sur les retraites ? Taxe sur les contrats d’assurance ? Taxation de certaines niches fiscales ? Les pistes ne manquent pas (Actualités sociales hebdomadaires, 19 octobre). Les assureurs, eux, plaident pour la mise en place d’un dispositif alliant un recentrage de l’APA sur les populations les plus fragiles et une incitation à se garantir avec une assurance privée pour les autres (Assurer, 3 octobre). Le Conseil économique et social n’est pas vraiment de cet avis : il estime que « c’est à la solidarité collective de prendre en charge les effets financiers de l’allongement de la durée de la vie », tout en évitant « que l’essentiel de la progression des dépenses ne pèse exclusivement sur l’assurance-maladie » (www.agevillagepro.fr, 1er octobre).
La question très sensible des nouvelles franchises médicales provoque, elle aussi, de vifs débats. Les sociétés d’assurances ne veulent plus être des payeurs aveugles et réclament le droit de rembourser l’augmentation du coût des couvertures, sans pénalités. La Mutualité française plaide pour la suppression pure et simple des franchises. Les institutions de prévoyance refusent de se prononcer. L’enjeu est le prix du « renforcement de la responsabilité individuelle », autrement dit de transferts de charges vers les complémentaires et les ménages (Les Echos, 27 septembre et 9 octobre).
Sur le terrain, si la mobilisation des pouvoirs publics est bien accueillie, les professionnels réclament « plus », mais aussi « mieux ». Diversifier les formules de prise en charge est une des recommandations favorites de la Fondation Médéric Alzheimer. Pas assez de places en hébergement de jour, malgré les progrès réalisés dans le cadre des deux premiers plans, fait remarquer, par exemple Marie-Jo Guisset-Martinez, responsable du Pôle Initiatives locales. Et, si les limites à la mobilité relèvent, avant tout, du domaine cognitif, « les limites sont souvent institutionnelles », constate Pascale Dorenlot, responsable du Pôle Etudes. (Impact Médecine, 20-26 octobre).
Avant la fin de l’année, si le calendrier est respecté, tous ces débats seront tranchés.

Jacques Frémontier
Journaliste bénévole