Aux origines de la gérontopsychiatrie en France : la confrontation des cultures professionnelles

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
15 juin 2016

« La psychiatrie du sujet âgé est une spécialité très ancienne dans le reste du monde, notamment aux Etats-Unis, au Canada et en Angleterre. En France, dont la situation est spécifique, elle s’est développée seulement dans les vingt dernières années, et pour des raisons différentes des autres pays. Cela n’a pas vraiment été le fruit d’une réflexion profonde », témoigne le psychiatre Thierry Gallarda, responsable du centre d’évaluation des troubles psychiques et du vieillissement du centre hospitalier Sainte-Anne de Paris. « Elle s’est structurée à un moment où le centre d’intérêt était la prise en charge des maladies démentielles (maladie d’Alzheimer et maladies apparentées). Les patients étaient auparavant délaissés par les médecins et souvent relégués aux “asiles psychiatriques”. Or la psychiatrie éprouvait elle-même des difficultés face à ces malades qui n’étaient pas accessibles à des thérapeutiques. Cette rencontre singulière s’est souvent conclue par des transferts de patients vers les gériatres. Cette situation a été bouleversée dans les années 1990, quand des thérapeutiques sont apparues dans le champ des démences. Cela a fait bouger les lignes. Un trio neurologues/psychiatres/gériatres s’y est intéressé. Bien que leur motivation soit commerciale, les industriels ont contribué eux aussi à la structuration de l’offre de soins et au développement des consultations mémoire. Ce mouvement a également dopé la recherche. »

Le Journal du domicile, mai 2016.