Assistants de soins en gérontologie : déceler les capacités conservées
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Les professionnels
Le métier d’assistant de soins en gérontologie (ASG) a été créé dans le cadre du plan Alzheimer et maladies apparentées 2008-2012. L’assistant de soins en gérontologie intervient auprès de personnes en situation de grande dépendance et/ou présentant des troubles cognitifs, nécessitant des soins et un accompagnement spécifique. Son intervention s’effectue dans le cadre d’une équipe interdisciplinaire, sous la responsabilité d’un professionnel paramédical ou d’un travailleur social. Ce partenariat s’explique par la nécessaire complémentarité des champs disciplinaires de l’accompagnement social et de l’intervention sanitaire. En Ille–et-Vilaine, depuis 2010, l’Ecole de formation en travail social Askoria, l’Ifpek (Institut de formation en pédicurie, ergothérapie et kinésithérapie) et l’IFSO (Institut de formation en santé de l’Ouest), ont proposé et mis en place la formation d’ASG. Dans Doc’Alzheimer, Caroline Bellier, ASG, et ses collègues expliquent que la formation permet aux participants de modifier leur regard pour mieux déceler, chez les personnes, ce qui reste hors d’atteinte pour la maladie : leurs capacités conservées, leur humanité, leur identité. Un soignant témoigne : « Mme B. est atteinte de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé. Elle cherche sans arrêt à déambuler. Elle chute souvent et ne communique plus verbalement. Elle était institutrice et n’a pas du tout de famille. Lors d’un échange avec l’une de ses anciennes collègues, j’ai appris que Mme B. était une joueuse passionnée de Scrabble. Elle parlait anglais couramment, adorait son métier et Léo Ferré. Je lui ai parlé en anglais, j’ai appris Léo Ferré et je lui ai apporté un jeu de Scrabble. Elle nous répond en anglais, fredonne avec nous son Léo tant aimé, fait rouler les lettres du Scrabble entre ses mains. Depuis, elle ne cherche plus à se lever sans cesse, le masseur-kinésithérapeute a pu reprendre son travail avec elle et elle sourit sans arrêt ! J’y ai investi du temps, mais je n’en ai pas perdu : le résultat est sans appel. » Le changement de regard et de pratique s’observe aussi dans le rapport que les familles peuvent avoir avec les ASG, dit l’une d’elles : « prendre le temps de discuter avec elles, de leur montrer que nous mettons en place des choses pour leurs parents, que nous sommes attentifs : tout ceci les rassure et les encourage à venir nous voir plus souvent. Ils nous confient une foule de détails qui nous simplifient la vie et nous permettent d’être plus congruents auprès des résidents concernés. Nous sommes aussi beaucoup plus aptes à répondre à leurs craintes et à leurs questions, afin de les rassurer. Ce climat de confiance a un effet apaisant pour chacun. »
Doc’Alzheimer, juillet-septembre 2018. Aquino JP et al. Guide de l’Assistant de soins en gérontologie. 25 janvier 2017. Paris : Elsevier Masson. 290 p. ISBN : 978-2-2947-3981-1. www.elsevier-masson.fr/guide-de-lassistant-de-soins-en-gerontologie-9782294739811.html