Anticiper et réduire les conséquences multiples de la pandémie

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
17 juillet 2020

Le comité de rédaction d’Alzheimer & Dementia, la revue scientifique internationale de l’Association américaine Alzheimer, identifie les conséquences multiples de la pandémie covid-19 sur la recherche biomédicale portant sur les troubles neurocognitifs.  Les essais cliniques sont désorganisés. Les participants ne peuvent plus se déplacer pour les visites de suivi. Les promoteurs d’essais cliniques doivent adopter une communication proactive pour les joindre, savoir comment ils font face au confinement et proposer de l’éducation thérapeutique. La fermeture des sites de recherche clinique oblige à réaliser des consultations et des mesures de paramètres biologiques à distance. Disposer d’un personnel qualifié pour coordonner les essais de molécules de différents laboratoires est une difficulté supplémentaire. L’absence des participants aux consultations prévues dans les protocoles d’essais cliniques va générer un nombre élevé de déviations à ces protocoles, de données manquantes, d’arrêts de traitement : les chercheurs attendent des recommandations des autorités régulatrices pour connaître la marche à suivre. Les essais cliniques dans le domaine de la maladie d’Alzheimer sont particulièrement longs, complexes et coûteux. Il n’est souvent pas possible de les recommencer ou de les refinancer. Enfin, pour se préparer à une future épidémie, un axe de recherche important est d’identifier les chaînons manquants dans l’organisation des soins et de l’accompagnement des troubles neurocognitifs.

En France, les professeurs Pierre-Jean Ousset et Bruno Vellas, du centre mémoire de ressources et de recherche (CMRR) au CHU de Toulouse (INSERM UMR 1027), ont vu l’activité de leur centre de recherche clinique chuter brutalement à partir du début du confinement, le 16 mars 2020. L’activité a été totalement réorganisée dans ce contexte de crise sanitaire : pour les unités cliniques ambulatoires, en recourant à la téléconsultation via un smartphone ou une tablette pour les personnes malades et leurs aidants à domicile ; pour les unités d’hospitalisation, le service aigu Alzheimer et l’unité cognitivo-comportementale, en individualisant un secteur dédié aux patients atteints de covid-19. Le personnel a été formé pour assurer la meilleure sécurité des patients. La situation de quarantaine a fait émerger des troubles du comportement spécifiques en raison de l’anxiété ou de l’agressivité des personnes malades, qui ne comprennent pas les mesures qu’on leur impose. L’activité de recherche clinique s’est poursuivie en effectif réduit, dans l’intérêt des patients et en plaçant leur sécurité en priorité.

Editorial. Alzheimer’s Disease Research Enterprise in the Era of COVID-19/SARS-CoV-2. Alzheimers Dement, avril 2020. www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7161893/pdf/ALZ-16-587.pdf (texte intégral).

Ousset PJ et Vellas B. Viewpoint: Impact of the Covid-19 Outbreak on the Clinical and Research Activities of Memory Clinics: An Alzheimer’s Disease Center Facing the Covid-19 Crisis. J Prev Alz Dis 2020; 7(3): 197-198. Juin 2020. https://link.springer.com/content/pdf/10.14283/jpad.2020.17.pdf (texte intégral).