Alzheimer, de Margaret Zennaro
Société inclusive
Margaret Zennaro a « tenté de retranscrire les sensations qu’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer pourrait ressentir. » Elle écrit : « l’on me saisit sous les bras et m’installe de force dans un fauteuil, je sens l’odeur caractéristique du potage, un drap rugueux s’enserre autour du cou. Je viens de comprendre c’est le déjeuner. Quand l’une des aides-soignantes m’engouffre la nourriture dans la bouche, je résiste un peu mais sous la pression de la mégère, je finis par capituler, je m’étrangle à moitié et de sa voix sévère, elle n’arrête pas de me houspiller. – Allez, encore une. On ouvre une grande bouche ! Je suis barbouillée de cette mixture écœurante. Elle ne me laisse pas le temps d’avaler que déjà elle m’y introduit une nouvelle cuillerée. Et je n’arrive pas à déglutir. Elle s’énerve. Ce n’est pas de ma faute. Le supplice est terminé. Enfin, un peu de tranquillité ! » (…) « – C’est moi, comment vas-tu ? Une jolie femme me fixe d’un regard triste. Qui est-elle ? Jamais vue. Ce n’est pas une infirmière ni une aide-soignante, elle ne porte pas la même blouse blanche que ma tortionnaire. Une salope celle-là ! J’esquisse un sourire. C’est que cette petite à l’air si bouleversée. – J’en étais sûre, tu me reconnais n’est-ce pas ? Je suis Jeanne, ta fille. »
www.scribay.com/library/text/1145308537/alzheimer/chapter/1, 11 avril 2016.