Allemagne : en attente d’une législation sur le suicide assisté par un médecin, l’Association Alzheimer allemande est favorable à l’autodétermination de la personne malade
Droit des personnes malades
Politiques
En Allemagne, un arrêt de la Cour constitutionnelle fédérale du 26 février 2020 a ouvert un large débat éthique sur la réglementation du suicide assisté par un médecin. La Cour souligne le danger que des personnes vulnérables soient poussées à demander à mourir pour ne pas être une charge pour les autres, et appelle le législateur à protéger ces personnes et en évitant que le suicide assisté ne s’installe dans la société comme une forme normale de fin de vie. Pour l’Association Alzheimer allemande, l’autodétermination des personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer est importante et doit être respectée : « on peut se demander si les personnes atteintes de démence expriment des intentions suicidaires selon leur libre arbitre et en toute liberté. On peut supposer qu’elles prennent une telle décision – comme d’autres personnes – dans une grande détresse et un sentiment de désespoir. Il s’agit, par exemple, de la peur de l’impuissance à agir et de la perte des capacités dans les activités de la vie quotidienne », écrit l’association. « Nous avons la responsabilité de façonner le cadre de vie des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer de manière à ce qu’il soit porteur de vie. » L’Association Alzheimer allemande observe que les idées et les souhaits suicidaires chez les personnes atteintes de démence surviennent principalement après le diagnostic, qui est souvent vécu comme une crise, et dans les premiers stades de la maladie. Ils expriment surtout le chagrin que leur inspire le diagnostic, mais aussi la peur de la perte attendue de leurs capacités physiques et mentales et de ne plus être ce qu’ils sont aujourd’hui. Très souvent, il y a aussi la peur d’être dépendant de l’aide des autres ou même d’être un fardeau pour ses semblables. Dans cette situation, les personnes malades ont besoin d’être soutenues par des conversations empathiques, compréhensives et sérieuses. Le sujet du suicide ne doit être ni tabou ni surestimé, même s’il est important d’aborder les perspectives d’affirmation de la vie. Il ne faut pas répondre aux pensées suicidaires par un accès plus facile aux possibilités de suicide assisté. Un souhait suicidaire n’est généralement pas le souhait de mourir, mais de ne plus vouloir vivre dans les conditions qui prévalent pour la personne concernée et que l’on craint pour l’avenir.
Deutsche Alzheimer Gesellschaft. Das Positionspapier zum ärztlich assistierten Suizid, 22 mars 2021. www.deutsche-alzheimer.de/ueber-uns/interessenvertretung/stellungnahmen/positionspapier-zum-aerztlich-assistierten-suizid.html (site en allemand).