Aducanumab : son utilisation en pratique médicale courante fait débat
Innovation
Pour aider les cliniciens, des experts américains ayant participé au développement clinique de l’aducanumab, menés par Jeffrey Cummings, du centre de neurosciences de l’Université du Nevada (Etats-Unis), publient des recommandations d’utilisation. Les patients éligibles doivent être au stade du déficit léger de type Alzheimer ou de la maladie d’Alzheimer au stade léger (MMSE >21/30). Ils devront être diagnostiqués sur la base de la charge amyloïde observée en imagerie cérébrale ou en dosant des protéines bêta-amyloïde et tau dans le liquide céphalo-rachidien. Ces protéines devront être anormales pour répondre à la définition biologique de la maladie d’Alzheimer. Pour réduire le nombre d’imageries cérébrales PET-scan coûteuses et de ponctions lombaires invasives, des tests sanguins, bientôt disponibles, devraient réduire les coûts de diagnostic. La mise en place du traitement est complexe : l’aducanumab doit être administré en perfusion d’une heure, une fois par mois, avec une augmentation progressive de la dose. Des œdèmes cérébraux surviennent dans 41 % des cas (contre 10 % sous placebo) et des microhémorragies cérébrales dans 35 % des cas (comme pour le placebo), ce qui exige un suivi rapproché en imagerie cérébrale par résonance magnétique (au moins 4 la première année).
Les recommandations appellent à ne pas prescrire l’aducanumab chez des personnes atteintes d’angiopathie cérébrale amyloïde, des troubles de la coagulation ou sous traitement anticoagulant : elles sont déjà à haut risque d’œdème ou de microhémorragies cérébrales. L’aducanumab est inapproprié pour les personnes ayant eu plus de 4 microhémorragies, ou une hémorragie cérébrale plus sévère. Les maladies chroniques comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires doivent être stabilisées avant toute prescription d’aducanumab. Les prescripteurs doivent avoir éliminé d’autres causes de déficit cognitif que la maladie d’Alzheimer, comme les effets indésirables des médicaments, un déficit en vitamine B9 ou B12, une démence vasculaire ou une hydrocéphalie à pression normale. La prescription d’aducanumab n’est pas recommandée pour la maladie à corps de Lewy ou la trisomie 21, mais pourrait être envisagée pour la forme dominante héréditaire de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées comme l’atrophie corticale postérieure ou l’aphasie logopénique. Dans ces cas, les familles doivent être informées du manque de données d’efficacité de l’aducanumab dans les essais cliniques.
www.alzforum.org/news/conference-coverage/aducanumab-will-appropriate-use-recommendations-speed-uptake, 5 août 2021. Cummings J et al. Aducanumab: Appropriate Use recommendations. J Prev Alz Dis 2021, 20 juillet 2021. https://link.springer.com/content/pdf/10.14283/jpad.2021.41.pdf (texte intégral). Scheltens P et Vijverberg EGB. Aducanumab: Appropriate Use Recommendations. J Prev Alz Dis 2021, 20 juillet 2021. https://doi.org/10.14283/jpad.2021.45.