Accompagnement de nuit : réguler le rythme veille-sommeil
Interventions non médicamenteuses
« Une fois le repas du soir pris, les résidents mis en pyjama et les équipes de nuit parties, la vie ne s’arrête pas dans un établissement, bien au contraire », écrit la journaliste Alexandra Marquet, dans Doc’Alzheimer, qui consacre un dossier à l’accompagnement de nuit. « Penser que les personnes âgées vont dormir de vingt heures à sept heures le lendemain est une hérésie. L’avancée en âge s’accompagne d’une baisse du nombre d’heures de sommeil avec des difficultés pour s’endormir, des réveils nocturnes, sans compter les angoisses liées à la mort, les troubles du comportement et les déambulations ». Face à ce constat, que faire pour respecter le rythme de chacun, appréhender le stress et ainsi ne pas systématiser les couchers à vingt heures ? Certains établissements ont mis en place un système cohérent avec du personnel formé et dédié à l’accompagnement de nuit, en proposant des activités pour les noctambules. « Le projet de nuit doit faire partie du projet de vie », souligne Alexandra Marquet. « Parler de sommeil ne signifie pas uniquement l’aborder sous l’angle de l’action de “dormir”, mais aussi de la mise en œuvre de conditions favorables à son bon déroulement, afin que le résident soit dans des dispositions favorables pour trouver le sommeil et qu’il soit “réparateur” », rappelle Kevin Charras, docteur en psychologie, responsable du pôle Interventions psychosociales à la Fondation Médéric Alzheimer. « Cette fonction homéostatique [tendance de l’organisme à maintenir ou à ramener les différentes constantes physiologiques (température, débit sanguin, tension artérielle, etc.) à des valeurs qui ne s’écartent pas de la normale] est hautement adaptative et dépendante de l’environnement puisque, selon l’environnement géographique dans lequel on se trouve, elle s’adaptera aux variations des rythmes jour-nuit. L’endroit dans lequel on va dormir a également un impact sur la qualité du sommeil. » Pour réguler préalablement le rythme veille-sommeil, Kevin Charras conseille de « fournir un cadre physique sécurisant, confortable et chaleureux (aménagement domestique, repères) ; mobiliser un cadre social bienveillant, rassurant et présent (accompagnement de nuit) ; prendre des repas à des horaires convenables et réguliers (6-7 heures ; 12-13 heures ; 19-20 heures) ; inciter les personne à participer à des activités physiques, sociales et intellectuelles en journée ; faire des sorties à l’extérieur ; effectuer des activités calmes en soirée (tisane, discussion, jeu de société, télévision, musique, divertissement) ; retarder l’heure du coucher ; diminuer la luminosité des espaces de vie et des circulations la nuit ; permettre l’exposition à la lumière du soleil pour favoriser l’absorption de vitamine D ; éviter les excitants (caféine, théine) en fin de seconde partie de journée ; favoriser une continuité entre les équipes de jour et de nuit ; calquer, autant que faire se peut, le rythme de l’institution sur le rythme moyen des personnes. » Stéphane Hédont-Hartmann, responsable des thérapies et approches non médicamenteuses à la direction de la coordination des soins du groupe Korian, propose, en unité de vie protégée, un accompagnement avec, d’une part, des conseils concernant l’augmentation de l’exposition à la lumière et d’autre part le maintien d’une activité physique quotidienne, en diminuant le temps passé au lit. « Les siestes diurnes d’environ trente minutes pourraient améliorer la continuité du sommeil et accroître son efficacité », souligne-t-il.
Charras K. Trouble du sommeil et maladie d’Alzheimer. Doc’Alzheimer 2016 ; 20 ; 10-11. Janvier-mars 2016. Hédont-Hartmann S. La prise en soin des troubles du comportement nocturnes. Doc’Alzheimer 2016 ; 20 ; 10-11. Janvier-mars 2016.