Accidents vasculaires cérébraux : intervenir avant la phase aigüe (2)

Prévention

Date de rédaction :
16 mars 2012

Serait-il possible d’intervenir avant la phase aigüe de l’AVC ? Une étude menée par Qianyi Wang, post-doctorant à l’Ecole de santé publique de Harvard à Boston (Etats-Unis), auprès de onze mille huit cents personnes âgées de cinquante ans et plus, sans AVC à l’inclusion et suivies pendant dix ans, montre qu’une détérioration rapide de la mémoire au cours des années précédant un AVC est associée à un taux de mortalité plus élevé après l’AVC. « Les personnes qui décèdent des suites d’un AVC souffraient peut-être d’une maladie sous-jacente plus grave avant leur AVC », affirme Maria Glymour, professeur assistant à Harvard, qui a supervisé ces travaux. « Cela donne à penser que la maladie précoce s’amplifie et que quelque chose se produit chez ces personnes avant qu’elles ne reçoivent un diagnostic d’AVC clinique ». Pour Steven Greenberg, professeur de neurologie à Harvard et vice-président de l’International Stroke Conference 2012, ces observations viennent étayer l’hypothèse d’un « lien étroit » entre la perte mnésique et l’AVC.

Pour le Professeur Marie-Germaine Bousser, du service de neurologie de l’hôpital Lariboisière de Paris, la prévention individuelle de l’accident vasculaire cérébral passe par la modification des facteurs de risque et des traitements tels que les antiagrégants plaquettaires pour prévenir les infarctus cérébraux dans les gros et les petits vaisseaux, la chirurgie de l’artère carotide pour prévenir son rétrécissement (sténose) et des anticoagulants oraux pour prévenir l’embolie cardiaque. L’échec actuel de la prévention tient essentiellement à des facteurs socio-économiques, selon elle. Des approches récentes proposent des interventions peu coûteuses permettant de réduire la tension artérielle, ainsi que des comprimés associant plusieurs médicaments (polypill) pour réduire à la fois la tension artérielle et le cholestérol. Cependant, prendre ces médicaments ne doit pas conduire à abandonner un style de vie favorisant une bonne santé, qui reste l’élément essentiel de la prévention de l’AVC.

Le CHU de Nice a collaboré avec l’Université de Stanford (Californie, Etats-Unis), pour évaluer, auprès de quatre-vingts personnes âgées, l’intérêt de détecter les premiers symptômes caractéristiques de l’AVC (déficit moteur, aphasie, céphalées, déficits visuels) et de prévenir rapidement les services d’urgence au moyen d’un smartphone (téléphone mobile intelligent), le délai d’intervention ayant un rôle déterminant sur le pronostic vital et fonctionnel (Cridelich C et al) (projet Sign of Stroke).

Association médicale canadienne, 1er février 2012. www.cma.ca/learning/deterioration-rapide-de-la-memoire-avc. American Stroke Association Meeting Report. Abstract 31, 1er février 2012. http://newsroom.heart.org/pr/aha/severe-rapid-memory-loss-linked-221512.aspx. Bousser MG et al. Stroke prevention: an update. Front Med 2012 ; 6(1) : 22-34. Mars 2012. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22460445. Cridelich C et al. Gérontechnologie et société. Soins Gérontologie 2012 ; 93 : 20-23.