Jardins thérapeutiques : quelle évaluation scientifique ? (2)
Interventions non médicamenteuses
« Un deuxième volet s’intitule JAZ-Art », poursuitThérèse Jonveaux. Avec l’aide d’un médecin sculpteur, le Dr Reinhard Fescharek, une dimension artistique a été intégrée à la conception du jardin. L’analyse des données recueillies doit permettre de préciser l’intérêt thérapeutique de l’intégration de l’art dans l’environnement des personnes soignées. Un travail de doctorat est également mené sur ce sujet, grâce à une bourse de l’école doctorale Stanislas récemment primée. Enfin, un jardin thérapeutique est aussi un apport dans le travail des soignants. C’est un élément de prévention du burn-out (ou épuisement professionnel), fréquent en gériatrie, qui fait l’objet de notre volet JAZ-burn. Une troisième thèse est menée par une psychologue du travail à ce sujet. » Quels bénéfices attendre pour les patients ? interroge Hospimédia. « L’énorme avantage avec un jardin thérapeutique, c’est la possibilité qu’il soit accessible en permanence. C’est déjà un facteur d’autonomie, de choix, de liberté », assure Thérèse Jonveaux. Avoir le choix d’y aller, sans compter son temps, encourage naturellement l’activité. Le jardin offre un monde beaucoup plus “réel”, qui permet au patient de garder des repères par rapport à l’intérieur de l’hôpital. On a beau faire, une maison de retraite ou un hôpital sont des lieux artificiels. Même si l’on essaie de soigner l’architecture, il y a des recommandations en ce sens. Parcourir ou même être dans un jardin donne accès à beaucoup d’indices (sur l’heure qu’il est, la saison…) et apporte énormément d’éléments sensoriels qui sont stimulants (sons, odeurs…) et qui changent sans cesse. » De plus, « naturellement, les jardins favorisent les interactions avec les visiteurs » : à travers des ateliers transgénérationnels, « les liens avec la famille sont maintenus, et les visites plus attrayantes, on a davantage à se dire. » Les soignants confient qu’ « ils parlent davantage avec les patients et les familles dehors que dedans. » Des recherches montrent que les jardins améliorent l’appétit, le sommeil, les troubles du comportement, l’agitation et l’agressivité qui peuvent être associés à la maladie d’Alzheimer. « Ces troubles seraient inversement proportionnels au temps passé à l’extérieur ou à l’accès à un jardin thérapeutique », explique la neurologue. « Quand les locaux sont exigus et que la personne ne peut pas sortir, ces troubles “fleurissent”. »
www.hospimedia.fr, 14 août 2014.