Perte de l’audition et cognition : ne pas se résigner au fatalisme de la surdité
Interventions non médicamenteuses
« Il est difficile de se mettre dans la peau d’un sourd quand on entend bien », écrit Séverine Leusie, orthophoniste qui prépare une thèse sous la direction de Xavier Perrot, adjoint au chef de service d’audiologie et explorations orofaciales du Centre hospitalier Lyon-Sud, et avec le soutien du Groupe de recherche Alzheimer Presbyacousie (GRAPsanté). « Les conséquences d’une surdité non traitée sont redoutables, en particulier quand on songe aux troubles cognitifs que la déprivation sensorielle auditive pourrait entraîner. Ce n’est pas tout, la surdité et plus précisément la presbyacousie qui nous concerne spécialement, détruit la communication, rend caractériel et provoque de la dépression. La presbyacousie ébranle aussi l’équilibre familial, chassant sournoisement le bonheur de vivre ensemble. Il faut souvent du temps, beaucoup trop de temps, avant de comprendre que c’est la presbyacousie qui en est à l’origine. » Il n’existe pas de traitement curatif de la privation sensorielle auditive, mais palliatif, poursuit Séverine Leusie. « Lorsqu’on observe les presbyacousiques, appareillés ou non, divers problèmes surgissent : le manque de compréhension, l’intolérance à certains bruits, la sonorité métallique, d’où des conflits avec l’entourage, etc. Difficile par moments de savoir comment tout résoudre. Si nous continuons à travailler par petits morceaux en sortant l’audition de son contexte, plus rien n’a de sens. En revanche, remise dans sa complexité, en proposant aux différents acteurs de travailler dans des circuits de l’audition, nous avons permis un travail d’équipe beaucoup efficient, et la réhabilitation instrumentale et fonctionnelle donne la plénitude de ses possibilités. Mettre tout en œuvre sans jamais se résigner au fatalisme de la surdité, telle est notre ambition. »
La Lettre du GRAPsanté, juillet 2014.