Environnement auditif et rééducation audio-verbale : l’aidant du presbyacousique

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
29 août 2014

« Dans la situation actuelle, le presbyacousique tout seul ne peut pas grand-chose », explique l’orthophoniste doctorante Séverine Leusie, dont le travail de thèse est soutenue par le GRAPsanté (Groupe de recherche Alzheimer presbyacousie). « Beaucoup d’exercices et même la mise en place des appareils réclament souvent à son âge l’aide d’un autre. Le travail qu’on lui demande est un travail de dialogue où l’écoute ne peut se résumer à celle de la radio, d’un DVD, d’un audiomètre. Il lui faut la vie active d’un échange dans les conditions habituelles, et ce plusieurs fois par jour, tous les jours, jusqu’à sa fin de vie. On oublie trop souvent que la presbyacousie évolue vers l’aggravation. Cette évolution jamais considérée dès le début de la prise en charge compromet les résultats acquis au présent. Tout comme le patient ne se rend pas compte de l’installation de sa perte auditive, il est souvent incapable de constater l’aggravation de sa presbyacousie. Le seul moyen de contrôler l’évolution et la qualité de la récupération auditive en évitant les consultations à outrance est de disposer d’un référent : l’aidant du presbyacousique. Grâce à lui, tout devient plus facile et même possible, en particulier en ce qui concerne la rééducation audio-verbale. Bien encadré, l’aidant est capable d’amener le presbyacousique à “éduquer son oreille” pour mieux compenser les manques auditifs présents et à venir. » Après une première séance de découverte des principes fondamentaux de la rééducation audio-verbale, explique Séverine Leusie, « l’intervention orthophonique ressemble davantage à du coaching [entraînement] de l’aidant qu’à une séance d’entraînement auditif pur du patient. L’aidant se forme en réalité sur le terrain et a à sa disposition un cahier de suivi permettant de mettre en évidence les difficultés rencontrées, les solutions proposées, les mots et phrases qui accrochent, les interrogations et toutes les observations utiles à la prise en charge globale du presbyacousique. Cette manière de procéder permet d’élaborer, d’affiner et d’ajuster des techniques adaptées au couple aidant-patient, tout en tenant compte de l’environnement dans lequel il vit, faisant de cet environnement l’outil même de la rééducation. » Si l’aidant du presbyacousique est souvent un proche du patient (le conjoint, un membre de la famille, un voisin), un patient peut ne pas trouver d’aidant. Le GRAPsanté propose pour combler ce manque d’ajouter à ses circuits de l’audition des associations d’aidants formés à la rééducation de la presbyacousie. Marie-Agnès Koza, responsable de l’Association des aidants du presbyacousique, a préparé un dossier dans le cadre du développement professionnel continu (DPC), afin d’assurer la formation de ces aidants bénévoles.

La Lettre du GRAPsanté, septembre 2014.