Rééducation orthophonique : apprendre à livre sur les lèvres

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
18 avril 2015

Séverine Leusie, orthophoniste, docteur en neurosciences et cognition de l’Université Claude-Bernard Lyon-1, présente dans la Lettre du Groupement Alzheimer presbyacousie-santé (GRAPsanté) la quatrième et dernière partie d’une série sur les besoins de la personne presbyacousique. Pour une personne âgée, l’apprentissage de la lecture labiale s’avère difficile mais pas impossible, à condition de modifier la manière dont l’orthophoniste conçoit son travail. « L’enseignement de la lecture labiale est souvent réalisé sans aucun son émis par la voix. Ceci a pour conséquence d’une part que nous sommes dans des conditions qui ne correspondent pas au presbyacousique qui a encore une capacité auditive restante, même à voix chuchotée, et d’autre part, que la personne qui lui propose une phrase en lecture labiale (dans ce cas ce sera le plus souvent l’aidant) a tendance à adopter une articulation artificielle et exagérée. » Pour Séverine Leusie, la démarche utile à adopter doit tenir compte de la complexité de l’environnement sonore : « le presbyacousique a besoin de comprendre ses interlocuteurs, aussi bien dans le calme que dans le bruit. Il faut donc prendre en compte les distorsions qui persistent malgré les aides auditives et l’environnement auquel le presbyacousique doit s’adapter. Ainsi, pour mieux répondre aux besoins du presbyacousique, pour qui la principale difficulté est de ne pas comprendre certains mots ou certaines syllabes à tendances phonémiques aigües,la lecture labiale devrait toujours être travaillée en présentant le son “déformé” perçu par le presbyacousique. Cela présente un intérêt majeur pour la personne âgée qui n’a besoin que d’un complément d’information et non de “toute” l’information. Il suffit donc de lui parler naturellement à voix chuchotée ou très basse pour que l’exercice ne soit plus la prouesse qu’on lui proposait. Se priver de la lecture labiale serait une faute et à notre sens, le rééducateur devrait toujours veiller à ne pas amener le patient à s’adapter pour rien à un exercice inutile, mais plutôt à profiter de chaque occasion pour lui permettre de retrouver une situation de “normo-entendant” ».

Leusie S. Les besoins du presbyacousique (4ème partie). La lettre du GRAPsanté 2015 ; 65. Mai 2015. www.grapsante.org/lettres/GRAP_lettre_65_Mai_2015.pdf.