Intervention multi-domaines : quelles limites ?

Prévention

Date de rédaction :
23 mai 2015

Plusieurs éléments doivent être pris en compte dans l’interprétation de ces résultats. L’amélioration des scores neuropsychologiques à la fois dans le groupe d’intervention et le groupe témoin suggère un possible effet de sélection des participants à l’inclusion et/ou à l’existence d’un biais dans la procédure de contrôle : pour des raisons éthiques, il n’a pas été possible d’isoler les participants du groupe témoin de toute forme d’intervention (par exemple des conseils nutritionnels et cardiovasculaires). La limite majeure de l’étude est que l’intervention multi-domaines semble difficilement transposable à grande échelle : « comment financer un programme aussi complet et intensif en population générale, dans un contexte de crise économique et de remise en cause des modèles d’assurance maladie obligatoire ? » Pour Lucas Morin, « ces deux limites n’enlèvent rien à l’enthousiasme que doit susciter une telle étude : les résultats sont désormais là pour le prouver, ce type d’intervention est efficace à moyen terme pour réduire le risque de troubles cognitifs. ». L’essai sera poursuivi pendant sept ans pour mesurer les effets de l’intervention de prévention multi-domaines à long terme. « D’ici-là, peut-être que la pression sociétale et économique exercée par le nombre toujours plus important de personnes concernées par la démence aura convaincu les décideurs publics de se donner les moyens d’agir », conclut Lucas Morin.   

Morin L. Prévenir le risque de déclin cognitif grâce à une stratégie non-médicamenteuse multi-domaines : l’étude FINGER ouvre la voie. Rev Gériatrie 2015 ; 40 (3) : 175-176. Mars 2015. www.revuedegeriatrie.fr. Ngandu T et al. A 2 year multidomain intervention of diet, exercise, cognitive training, and vascular risk monitoring versus control to prevent cognitive decline in at-risk elderly people (FINGER): a randomised controlled trial. Lancet, 11 mars 2015. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25771249.