Ateliers au musée : toucher les cinq sens (2)
Société inclusive
Pour Christian Kordek, président de France Alzheimer Nord, qui a conçu le projet, « l’œuvre n’est qu’un support, une modalité de langage. Nous n’avons aucune exigence vis-à-vis des participants. La visée n’est pas de rendre la maladie curable, elle ne l’est pas. Notre objectif est de toucher les cinq sens », argumente Christian Kordek, président de France Alzheimer Nord, qui a conçu le projet. Une formule bienveillante qui a fait ses preuves pour Geneviève, adepte de l’atelier depuis deux ans. « Avant la maladie de mon mari, nous allions beaucoup au musée. À la maison, Antoine a même conservé dans deux gros classeurs des centaines de cartes postales représentant ses tableaux préférés. Cet atelier nous permet de rester en contact avec l’art. Nous ne sommes pas près de rater une séance. » Lutter contre l’isolement social et culturel pour mieux vivre sa maladie ? Le défi est relevé pour Antoine, qui, d’un mois à l’autre, se souvient de ce qu’il a peint, des tableaux qu’il a commentés ou des émotions qu’il a ressenties. Des actions simples aux yeux du grand public, une petite prouesse quand on sait qu’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer ne peut pas se souvenir des impressions immédiates. Retour en salle d’expérimentation. À partir d’une odeur inconnue, que Julien nomme un « détonateur de souvenirs », il faut retrouver l’univers d’un tableau. Et dès le premier échantillon, la diversité des perceptions déclenche l’hilarité. Anne évoque l’arôme d’un Malabar, tandis que Ghislaine s’imagine baignée dans les effluves d’un cabinet médical. Si l’exercice peut paraître périlleux pour certains, Julien passe dans les rangs. Par une main sur une épaule ou sur l’avant-bras, il rassure et met en confiance. « Avec les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, j’improvise beaucoup, je m’adapte à leur situation. Seules la créativité et le plaisir sont de mise. »
En Australie, la Galerie nationale des portraits organise de petits circuits pour les personnes atteintes de démence et leurs aidants, centrés sur quelques-uns des centaines de tableaux exposés. « On ne s’intéresse pas seulement à l’impact visuel des visages, mais on peut aussi écouter la musique associée à la personne représentée, ou toucher le tissu qui l’habille dans le tableau, ou écouter une histoire associée », explique Pauline McCreath, coordinatrice des services aux visiteurs. Des souvenirs resurgissent, et des histoires en appellent d’autres.
www.lavie.fr/famille/sante/l-art-a-la-rencontre-des-malades-d-alzheimer-30-12-2015-69359_414.php, 30 décembre 2015. www.abc.net.au/news/2016-01-11/art-and-dementia-tour-at-the-national-portrait-gallery/7080146, 11 janvier 2016. Alzheimer Insights, 12 janvier 2016.