Bistrots mémoire

Société inclusive

Date de rédaction :
15 juin 2016

Boire un verre, échanger sur la maladie – ou pas ! –, dialoguer parfois avec des invités professionnels, mais aussi changer les regards sur les troubles de la mémoire, tels sont les objectifs des Bistrots mémoire, nés en 2004 à Rennes. Irène Sipos, alors directrice de maison de retraite, et Isabelle Donnio, psychologue, ont eu envie de créer un endroit convivial, hors de l’institution, pour rompre l’isolement des personnes malades et aussi préserver la relation familiale, souvent mise à mal par la dépendance. Les rencontres sont ouvertes aux personnes souffrant de troubles de la mémoire, à leurs proches, ou simplement à ceux qui se posent des questions sur ces maladies. Chacun est libre de venir quand il le souhaite, s’il le souhaite. Les convives s’installent, boivent un verre, et profitent d’une après-midi entre personnes de bonne compagnie. « En moyenne, il y a vingt ou vingt-cinq personnes chaque semaine », explique Irène Sipos. « Un noyau dur de participants, de nouveaux arrivants, des bénévoles et la psychologue. » Cette dernière, condition sine qua non à la tenue d’un Bistrot mémoire, veille au bon déroulement des après-midis qu’elle anime et coordonne. Le lieu ? Un café-restaurant agréable, et surtout spacieux. En ce moment, Le Bistrot mémoire se tient à la Marmite sénégauloise, un café-restaurant au propriétaire bienveillant.

Douze ans après l’ouverture du premier Bistrot mémoire à Rennes, l’Union nationale des Bistrots mémoire, qui fédère une quarantaine de membres, se fixe comme objectif d’accélérer son développement pour ouvrir quinze nouveaux lieux chaque année. En parallèle, le Bistrot mémoire rennais a ouvert un chantier d’envergure dans le but de faire de la capitale bretonne la première ville française « amie de la démence », à l’image de Bruges en Belgique, « une communauté inclusive où les malades d’Alzheimer et apparentés pourraient continuer à vivre aussi normalement que possible. » Le Bistrot mémoire multiplie les partenariats avec les acteurs impliqués dans le domaine. « Nous aimerions nous inspirer par exemple de l’initiative belge « Missing persons with dementia » (Personnes disparues atteintes de démence), pour donner une mission supplémentaire et positive à la police locale », indique Irène Sipos, co-fondatrice des Bistrots mémoire : les policiers belges, en lien avec les acteurs spécialisés, ont mis en place un protocole spécifique pour retrouver plus rapidement les personnes disparues qui souffrent de troubles cognitifs. Il s’agit aussi de former les commerçants ou les fonctionnaires municipaux… Les possibilités sont nombreuses. « Le projet est en phase de co-construction avec la ville », précise Irène Sipos. D’autres partenariats ont été noués, notamment avec le musée des Beaux-Arts, qui accueille régulièrement des visiteurs atteints de troubles cognitifs dans le cadre du Bistrot mémoire.