La face obscure de Léthé
Société inclusive
« Depuis les prémisses de la culture occidentale, l’oubli nous est présenté sous son visage délétère, notamment à travers les traditions mythologiques et philosophiques de la Grèce antique », écrit Pascale Peretti, psychologue clinicienne au CHU d’Angers. « Cette face obscure de Léthé n’est pas sans évoquer les conséquences mutilantes des pertes neuro-cognitives vécues par les patients atteints de démence. Pourtant, un autre visage de l’oubli se fait également jour dans l’histoire littéraire occidentale, qui nous donne à appréhender ses vertus potentiellement salvatrices et qui incitent à l’ouverture ». À partir de quelques œuvres littéraires, la psychologue s’interroge sur les rapports de la mémoire, de l’oubli, de la fiction et de l’identité, et sur la valeur d’une clinique du sujet en psychothérapie. [Dans la mythologie grecque, Léthé, fille d’Éris (la Discorde), est la personnification de l’Oubli. Le fleuve Léthé séparait les Enfers du monde extérieur du côté de la Vie, alors que le Styx et l’Achéron les en séparaient du côté de la Mort. Les âmes des justes et celles des méchants qui avaient expié leurs fautes aux Enfers pouvaient obtenir la faveur de revenir sur la terre habiter un corps et s’associer à sa destinée. Mais avant de sortir des demeures infernales, elles devaient perdre le souvenir de leur vie antérieure, et à cet effet boire les eaux du Léthé, qui provoquaient l’amnésie.]
Peretti P. Mémoire et fiction : apports de la littérature à l’approche psychothérapique des troubles démentiels. Psychothérapies 2016 ; 3(36) : 187-194. 3è trimestre 2016. www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=PSYS_163_0187. Kossaifi C. L’oubli peut-il être bénéfique ? L’exemple du mythe de Léthé : une fine intuition des Grecs. Revue Interrogations, décembre 2006. www.revue-interrogations.org/L-oubli-peut-il-etre-benefique-L(texte intégral).