Bien observer

« Accompagner des personnes âgées atteintes de maladie d’Alzheimer, c’est avant tout, pour une équipe, savoir se mettre à l’écoute, élargir son champ d’observation aux plus petits détails du quotidien, qui sont autant d’indices d’un bien-être ou d’une souffrance pour des résidents désorientés, qui ne savent plus se dire. L’observation est une activité trop souvent laissée dans l’ombre, tant les professionnels sont formatés dans un schéma d’action permanente », écrit Marie-Christine Chareyre, cadre de santé et ancienne adjointe de direction en maison de retraite. Elle a animé un atelier professionnel sur les troubles du comportement. Les participants ont visionné une courte vidéo montrant deux femmes âgées atteintes de maladie d’Alzheimer, assises l’une auprès de l’autre dans le salon d’un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). « Au bout de quelques minutes, l’une d’elles se lève et gifle violemment sa voisine, qui se met à hurler et à gesticuler, provoquant une grande agitation dans la pièce pour tous les résidents présents. Les professionnels se précipitent, isolent l’une des deux femmes et tentent de calmer l’assemblée. Sans résultat. Les participants de l’atelier ont longuement débattu sur les actions possibles. Isoler définitivement la résidente, séparer systématiquement les deux femmes, instaurer un traitement médicamenteux pour limiter l’agressivité… Aucun n’a eu l’idée d’intervenir sur l’environnement sonore, pourtant évident dans la vidéo. Mais l’observation n’était pas allée jusqu’à cette précision, alors que la télévision du salon diffusait une série policière d’action, générant par les éclats lumineux et les ambiances sonores une situation incompréhensible pour cette femme atteinte de troubles cognitifs. D’où sa réaction défensive à une situation inexpliquée pour elle. »

Doc’Alzheimer, octobre-décembre 2015.