Modèle social du handicap : une nouvelle pédagogie pour changer les pratiques (1)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
22 novembre 2015

« Le secteur de la formation dans le domaine de la gérontologie en France est aujourd’hui bien développé. Il reste cependant, d’un point de vue pédagogique, l’héritier d’un modèle scolaire et éducatif dans lequel les enseignements tendent à reproduire l’organisation et la division du travail hospitalier. La demande des professionnels concernant la maladie d’Alzheimer ou les maladies apparentées et les réponses apportées en matière de formation tendent parfois vers la recherche de recettes pour réduire les troubles du comportement ou communiquer plus facilement », écrivent Christophe Reintjens, neuropsychologue, responsable adjoint des activités de formation et Kevin Charras, docteur en psychologie environnementale, responsable du pôle Interventions psychosociales à la Fondation Médéric Alzheimer. « On le sait, à présent, ce sont les problématiques quotidiennes et relationnelles qui font le plus défaut dans le travail auprès des personnes âgées dépendantes et non l’approfondissement des informations sur les pathologies. Mais si l’accompagnement social du résident se pose, au regard de la prévention des troubles du comportement et de la qualité de vie, cet accompagnement est bien souvent en contradiction avec les demandes organisationnelles et fonctionnelles du modèle hospitalier. Un changement de paradigme [conception théorique dominante] apparaît inéluctable. » Dans le modèle hospitalier, correspondant au paradigme biomédical, « les soignants fonctionnent “à la tâche” (soins, toilettes, transferts, aide aux repas etc.) pour répondre à une “prise en charge globale”, alors que la complexification, le rythme et l’intensité naturellement imposés par ce mode d’organisation ne vont ni dans le sens des besoins réels des personnes âgées avec ou sans troubles cognitifs, ni dans celui de l’amélioration des conditions de travail des professionnels », estiment Christophe Reintjens et Kevin Charras. « Au contraire, les résidents auxquels on renvoie constamment une image de “malade” pris en “charge” dans une institution médicalisée ne peuvent s’acclimater durablement à ce qu’ils ne considèrent pas comme un milieu de vie. De même, les soignants qui voient leur “charge” de travail s’alourdir et les moyens diminuer ne peuvent que se sentir en décalage par rapport à leurs attentes professionnelles. »

Reintjens C et Charras K. La démarche pédagogique Eval’zheimer : vers un accompagnement du changement. Doc’Alzheimer 2015 ; octobre-décembre 2015. 29-30.