Le besoin de se préserver et le sentiment d’obligation envers l’autre

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
21 janvier 2016

« Les conflits internes observés sont les mêmes chez le conjoint et chez l’enfant de la personne aidée », explique Marie-Pierre Pancrazi, psychiatre, gériatre et coordinatrice adjointe du centre mémoire de ressources et de recherche de Corse. « La relation d’aide au long cours entraîne un déséquilibre, un antagonisme entre le besoin de se préserver et le sentiment d’obligation envers l’autre. On assiste à des renversements de rôles, sources d’angoisse. Un autre conflit réside dans la contradiction entre la volonté de maintenir le lien et le travail de détachement à l’égard de la relation, nécessaire à l’adaptation à la situation. L’aidant doit en effet, pour accepter le présent, opérer un deuil partiel à l’égard d’une image idéalisée du proche. » Marie-Pierre Pancrazi observe : « la première réaction, à l’annonce d’un diagnostic, est de dire “non, ça n’est pas vrai, ça ne peut pas lui arriver à lui”. Cette phase de dénégation est classique et il faut la respecter. Elle dure le temps que l’information soit intégrée. Parfois, elle s’installe, certains proches se réfugiant dans un déni total des troubles. Par déni, lorsque celui-ci dure, et par méconnaissance aussi, le proche surestime ses capacités à faire face, ce qui lui fait adopter des comportements inadaptés.

Thérizols AC. Les aidants familiaux au bout du rouleau. Le Cercle Psy 2016 ; 19 : 70-73. Décembre 2015-janvier 2016.