Le sens du soin

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
21 janvier 2016

« L’anosognosie [incapacité à prendre conscience de sa maladie] n’est qu’un des aspects de la conscience de soi, des perceptions, de l’image corporelle, de l’affect de son identité, des capacités d’introspection », écrit Véronique Lefebvre des Noëttes, psychiatre et médecin expert au centre hospitalier Emile-Roux de Limeil-Brévannes (Val-de-Marne). « Je suis souvent frappée par les possibilités de communication de nos patients, et donc leur réintégration dans le monde des humains. Eux qui, même privés de l’attribution d’intention, de la capacité de s’imaginer ce que pense autrui, d’empathie, de raisonnements, peuvent, pour peu qu’on les écoute, prendre part au monde : “Ah enfin tu viens, je t’ai attendue toute la journée”, me murmure Geneviève s’accrochant à mon bras comme une noyée à sa bouée humaine. “Oui je suis là, venez, nous allons nous asseoir », elle trottine doucement bien calée en appui sur mon bras et une fois confortablement assise elle me dit alors ses soucis, ses enfants morts, sa vie rangée et petite, oui c’est son mot, une vie petite, mais jolie dit-elle esquissant un sourire édenté mais lumineux. « Vous savez ici il n’y a que des étrangers, c’est pas chez moi alors je cherche et je vous ai trouvée. ” Pour la psychiatre, « le sens du soin se construit pierre par pierre en partant d’une part d’une présomption de compétence à dire, ressentir et énoncer des choix et, d’autre part, à partir une confiance ontologique préalable » : une confiance en l’être.

Lefebvre des Noëttes V. Le sens du soin auprès des malades Alzheimer. Texte proposé dans le cadre de l’Initiative Valeurs de la République, du soin et de l’accompagnement. 18 décembre 2015.  

www.espace-ethique.org/d/2890/2935 (texte intégral).