Ce qui reste, c’est la couverture

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
15 juin 2016

Elie Wiesel, Prix Nobel de la Paix 1986, rescapé des camps d’Auschwitz-Birkenau et de Buchenwald, voix majeure de la mémoire de la Shoah, est décédé à l’âge de quatre-vingt-sept ans. Dans son roman L’Oublié (The Forgotten), publié en 1989, il évoque le pouvoir de la mémoire et la transmission à travers la difficulté d’un père atteint de la maladie d’Alzheimer à raconter son passé tumultueux, « nourrissant ainsi la mémoire de son fils à mesure que la sienne se défait. » Il avait dédicacé la Charte Alzheimer, éthique et société de l’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer (Plan Alzheimer 2008-2012) en ces termes : « un homme oublie la clé de sa maison, cela arrive à tout le monde. Une femme oublie un rendez-vous, cela aussi arrive à tout le monde. Un vieillard oublie le visage de son enfant ; cela ne dure qu’un instant. Et pourtant. Ils ne se connaissent pas, mais il se peut qu’ils aient en commun un cancer terrifiant : celui de l’identité. Cela peut frapper n’importe qui. Cela arrive quand le malade ressemble à un livre : on lui arrache page après page, jusqu’au jour où il n’y en a plus. Ce qui reste c’est la couverture. Ce mal est plus qu’une maladie ; c’est une malédiction. Plus que quiconque, ses victimes, sans qu’elles le sachent peut-être, ont besoin d’amitié, d’amour, et au moins d’un peu de chaleur humaine. »

Le Monde, 3 juillet 2016. Plan Alzheimer 2008-2012. Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer. Charte Alzheimer, éthique et société 2011. www.espace-ethique.org/sites/default/files/Charte%20Alzheimer%20E%CC%81thique%20et%20socie%CC%81te%CC%81.pdf. https://charlierose.com/videos/14693, 21 juillet 1992. Wiesel E. L’Oublié. Paris : Éditions du Seuil, 1989. www.babelio.com/livres/Wiesel-LOublie/82035.