Sciences humaines et sociales : l’importance de l’interdisciplinarité

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
22 septembre 2015

La première Journée du réseau de recherche Social and human sciences for dementia (sciences humaines et sociales sur la démence), organisée par la Fondation Médéric Alzheimer, s’est tenue le 17 septembre 2015 à Paris. Bruno Anglès d’Auriac, président de la Fondation Médéric Alzheimer, a déclaré : « nous devons développer une approche sociétale de la maladie d’Alzheimer, outre l’approche biomédicale ». Pour Michèle Frémontier, directrice de la Fondation, « il est important de resituer l’approche des démences dans la perspective des droits de l’homme, des discriminations, de la dignité. Et notre cause demande plus qu’un changement de regard, mais bien une mobilisation ». Les ateliers de la matinée ont été l’occasion pour les participants de proposer des thématiques de recherche communes, et de faire émerger des questionnements dans toutes les disciplines. Federico Palermiti, directeur de l’Association monégasque pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer (AMPA), restituant l’atelier « de la prise en charge de la dépendance à la prise en compte des citoyens en situation de handicap cognitif », a souligné que deux thématiques ont fait consensus : l’anticipation et la maltraitance. « La valeur ajoutée de ce réseau serait de nous éclairer sur la façon dont la société peut être maltraitante envers les personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer » a-t-il indiqué. Parmi les certitudes, il a cité l’importance de mettre la voix des personnes malades au premier plan, et de donner leur place aux sciences humaines et sociales (en privilégiant le croisement des approches de terrain et des approches théoriques). Selon Stéphane Adam, professeur en psychologie à l’université de Liège (Belgique), rapporteur de l’atelier « comprendre les difficultés et les potentialités des personnes malades pour mieux y répondre », « on sait établir les déficiences mais on se focalise trop sur elles et on ne sait pas, à l’inverse, identifier les potentialités ». « Sans tomber dans l’angélisme, il est important de savoir reconnaître ces potentialités, ce qui ne passe pas forcément par de sempiternels tests psychométriques, mais par l’observation et l’écoute. » Roméo Fontaine, maître de conférences en sciences économiques à l’université de Bourgogne et rapporteur de l’atelier « resituer la personne dans son environnement social et familial », estime qu’il existe un manque de connaissance sur le processus des décisions prises par les personnes et leurs aidants. « Cela pourrait nous permettre de mieux comprendre le non-recours aux soins, pour lequel le manque d’information n’explique pas tout » a-t-il insisté. Enfin, le Dr Aline Corvol, gériatre au CHU de Rennes, rapporteur de l’atelier « avoir accès à des professionnels formés et des services adaptés tout au long de la maladie et sans rupture », estime que « les formations existantes sont sous-utilisées, et l’une des activités de ce réseau pourrait être de les faire connaître ». Par ailleurs, des problèmes récurrents se posent dans la formation des auxiliaires de vie sociale, des soignants hors du champ de la gériatrie et de nouveaux questionnements apparaissent (nouvelles technologies, nouveaux métiers…). Mais qui va payer ? Et est-on prêt à embaucher du personnel qualifié ?

www.agevillage.com, 8 octobre 2015.