Vivaces

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
19 décembre 2015

« Parce que la musique contribue au développement de l’être humain, de la prime enfance jusqu’aux stades les plus avancés de la vieillesse… Parce qu’elle aide des personnes âgées à sortir de la neurasthénie et de l’apathie, lorsque les animations musicales ont été pensées de façon appropriée… Parce que des patients atteints de dégénérescence cérébrale ou de troubles cognitifs et psychologiques sévères répondent à l’écoute attentive, voire la pratique simplifiée de la musique, de façon surprenante, ce qui conduit à réduire les effets des troubles dans un cas, les faire disparaître dans l’autre, et le plus souvent à retrouver une relation plus harmonieuse à l’environnement immédiat », ABB Reportages a réalisé un travail documentaire sur le projet européen EBRAMUS « Musique et cerveau », en partant d’expériences françaises menées par des laboratoires du CNRS et de l’INSERM. « Les vivaces, groupes de patients, accompagnés par des musiciens, des danseurs sont suivis par des médecins, leurs comportements sont analysés par des scientifiques. On note que la mémoire des chansons anciennes est intacte, qu’elle appelle les mots et les pas. L’ensemble déclenche des mouvements perceptibles ou imperceptibles, les ateliers de gymnastique retrouvent un dynamisme. On tente la danse, la valse, le tango. Les patients veulent poursuivre les ateliers. On est dans la construction d’une mémoire d’avenir. Une nouvelle méthode de soin est en marche. » Qu’en disent les personnes malades ? Pour Rosette, « ici, il n’y a que du bien, que du bon. » La danse est en elle depuis toujours. Adolescente et adulte, elle a gagné des concours. La musique lui redonne les gestes et les pas d’hier. L’atelier lui permet de se projeter dans les pas du lendemain. Pour Georgette, « cet atelier, c’est un cadeau. »  Elle en retient l’ambiance, l’idée de partage, mais dans son corps, elle retrouve les rythmes d’un jour sur l’autre, et même d’une année à l’autre. Paule retient la musique. Arrivée dans un enfermement total, elle s’ouvre aux musiques de sa vie. Elle chante en yiddish, en hébreu, et même en italien. Elle sourit, revit… Ida était interprète dans une organisation internationale. Elle avait deux passions, l’anglais et la danse. Grâce à l’atelier, elle retrouve rapidement tous les enchaînements. D’élève attentive, elle devient assistante, remplace le professeur auprès des autres patients. Aux accents de Smile (Sourire), de Barbra Streisand, elle retrouve en anglais les mots de la chanson. Suzanne, originaire du Maroc, se souvient des chants arabes et berbères. Elle trouve sa place dans le groupe pour en raconter l’histoire et faire partager ces chants retrouvés. Quant à Willy, il arrive dans un fauteuil roulant. Il ne se déplace pas sans son déambulateur. Les sons de Cuba, où il a vécu, l’incitent à fredonner, chanter, se lever et même danser. Il repart à côté du fauteuil roulant. « J’ai joué au danseur mondain », déclare-t-il.

Bramard Blagny A. Les Vivaces d’Alzheimer. Huit entretiens avec des personnes pour mieux comprendre l’influence de la musique sur le cerveau. ABB Reportages. www.abbreportages.fr/content/view/89/77/lang,french/, décembre 2015.