Conflits entre résidents, familles et soignants : la perte de sens dans le soin

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
09 juillet 2016

« De nombreuses difficultés naissent entre résidents, familles et soignants lorsqu’un proche est institutionnalisé dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. De nombreux problèmes s’en trouvent démasqués, qui tiennent au développement de logiques différentes, parfois concurrentielles, dans deux groupes humains déséquilibrés dans leur rapport de force, le système familial et l’institution gériatrique », écrivent Philippe Thomas et ses collègues, du centre de recherches sémiotiques (CeReS, EA 3648) de l’Université de Limoges et du CHRU de Brest. « La perte de sens est au cœur de la douleur morale. Le mal-être conditionne des réponses inadaptées, insatisfaisantes, lorsqu’une question embarrassante est soulevée. Donner du sens au contenu de ce qui est perçu est aussi essentiel à la vie que les données biologiques. L’élaboration du sens dans le soin fait partie de la bientraitance du résident, de sa famille et des soignants. Faute de mise en place précoce d’une démarche intersubjective négociée et acceptée par les familles comme par les soignants, une dérive est possible qui conduit à des incompréhensions, puis à des conflits. Le médecin coordinateur et le psychologue, lorsque leur indépendance professionnelle est respectée, sont des passeurs d’information entre et dans les “sémiosphères” [espaces locaux des processus particuliers de mise en signification] et ont un rôle essentiel dans la prévention de cette dérive. »

Thomas P et al. EHPAD et familles de résidents : deux semiosphères en compétition. Neurol Psychiatr Gériatr 2016 ; 16(94) : 194-203. Août 2016.  www.em-consulte.com/en/article/1051214.